L’absence de Laurent Gbagbo sur la liste électorale fait réagir la classe politique. Condamné à 20 ans de prison dans l’affaire dite du « braquage de la BCEAO », l’ex-président a été radié de la liste d’électeur en 2020. Il y a quelques mois, il a fait la démarche de se réinscrire sur la liste électorale. Mais selon la Commission électorale indépendante, la loi ne lui permet pas d’y figurer. Cette situation suscite aussi plusieurs réactions contrastées au sein de la classe politique ivoirienne.
Samedi, lors de la publication de la liste électorale à Abidjan, Sébastien Dano Djédjé, un cadre du Parti des peuple africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation de M. Gbagbo, a dénoncé une décision « injuste ». « Cela remet en cause la crédibilité de la Commission électorale indépendante (CEI). Le processus électoral perd de sa crédibilité », a-t-il ajouté, avant de quitter la cérémonie avec la délégation du parti.
Samedi après-midi, le PPA-CI a tenu une conférence de presse pour dénoncer une « provocation inacceptable ». « Un tel entêtement de la part du régime ivoirien fait courir de graves risques à la paix et à la cohésion sociale », a lancé Justin Koné Katinan, porte-parole du parti de M. Gbagbo. Cette non-inscription sur la liste électorale « constitue un casus belli », a-t-il ajouté.
Le PDCI, potentiel allié au PPA-CI, aux élections locales du 2 septembre, y voit une « injustice » : « on ne peut pas dénier quelqu’un de sa capacité à être candidat et à être électeur » souligne Soumeïla Bredoumy, le porte-parole du PDCI.
De son côté, Ibrahim Cissé Bacongo, le secrétaire exécutif du RHDP, apporte une nuance concernant les engagements pris lors du Dialogue politique, au sujet de l’amnistie de Laurent Gbagbo : « la question a été évoquée, dit-il, mais n’a pas été débattue, pour la simple et bonne raison, que l’amnistie relève du pouvoir discrétionnaire du président ».
En rappel M. Gbagbo a été acquitté par la justice internationale de crimes contre l’humanité commis lors de la sanglante crise post-électorale de 2010-2011. Cependant, il reste sous le coup d’une condamnation à 20 ans de prison en Côte d’Ivoire pour le « braquage » de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) en 2011.
Cette condamnation, prononcée en 2018 alors qu’il était emprisonné à la Haye, avait entraîné la déchéance de ses droits civiques et politiques et donc sa radiation des listes électorales.