L’entreprise citoyenne entend prendre des mesures strictes face aux employeurs qui refuseront d’immatriculer leurs employés domestiques. Toute situation qui permettrait de changer considérablement le statut de ces personnels souvent en difficulté en fin de carrière.
Dans une annonce parvenue à notre rédaction en fin de semaine dernière, le Directeur Général de la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale (CNPS) annonçait des mesures salutaires pour les personnels domestiques en service dans de nombreux ménages camerounais.
A la limite de l’esclavage
En parcourant de nombreux ménages camerounais qui utilisent du personnel domestique tel que les cuisinières, les blanchisseurs ou les gardiens de jour et de nuit, on se rend compte que ce personnel du fait de son statut est traité de manière pas du tout respectable dans ces familles. Généralement sans contrat, ces travailleurs acharnés sont recrutés pour une tache, mais se retrouvent à tout faire, tout d’un coup. En lieu et place de la cuisine comme conclu verbalement, ils se retrouvent aussi et curieusement à faire la lessive de madame et monsieur, contenant des sous-vêtements de ces derniers.
Le gardien se retrouve à laver les véhicules avant de rentrer chez lui après une nuit blanche, ou à défricher le gazon. Bref une série de taches en plus qui requièrent en principe une renégociation des contrats de départ. Mais que faire, il n’y a pas moyen de discuter quoi que ce soit. Soit on accepte, soit on est à la rue, et compte tenu du contexte, ils se trouvent obligés de supporter cet esclavage déguisé
Salaires dérisoires et irréguliers
Tout le monde sait au Cameroun que les salaires des personnels domestiques sont les plus dérisoires. Ils sont de l’ordre de 20,30, 40 milles FCFA pour les plus chanceux. Impossible de se payer un loyer décent avec un tel salaire, étant entendu qu’ils sont aussi des parents, avec plusieurs enfants à la charge. Le plus difficile encore c’est lorsque l’on est tenu au chantage du salaire. Ce dernier n’arrive toujours pas quand il est attendu.
De nombreux mois à travailler sans rémunération, et le pire, vous ne pouvez même pas oser demander votre rétribution. Soit voit vous gagnez la porte, soit alors vous êtes couvert des injures les plus humiliantes qui vous font douter que vous êtes un être humain.
La question du SMIG
Ces hommes et femmes à tout faire touchent des salaires dérisoires alors même que le Cameroun a prévu un salaire en deca duquel aucun citoyen ne devrait être payé. LSMIG à date s’élève à 36000 FCFA. Seulement, non seulement les employeurs[w1] de ce secteur ne le respectent pas, mais en plus rien n’est fait du côté des pouvoirs publics pour que le SMIG soit rigoureusement appliqué au Cameroun. Voilà une disposition, tout comme les conventions collectives dont la non- application cautionnée par les pouvoirs publics, vient compliquer le quotidien d’une couche de personnes actives qui ne peuvent pas vivre de leur dur labeur.
Chapeau à la CNPS
La nouvelle mesure de la CNPS a un mérite à saluer, celui de garantir au personnel, de vieux jours plutôt souriants, après de longues années de travail. Après le mois de septembre 2022, la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) promet d’organiser des contrôles pour s’assurer de l’immatriculation et du paiement des cotisations sociales des personnels domestiques. La CNPS va plus loin, en prenant des dispositions coercitives, elle promet en effet des « redressements conséquents (…), en application stricte et rigoureuse de l’ensemble des mesures prévues par les textes en vigueur ».
Pour garder le secret sur la carte à jouer, la CNPS n’a pas dévoilé comment ces contrôles seront effectués pour être efficaces. Selon l’organisme, l’immatriculation et le paiement des cotisations sociales est une obligation légale, sociale et morale à l’égard de ces modestes personnes employées dans les maisons. Elle vise à sauvegarder leurs droits, notamment pour le bénéfice des prestations sociales servies par la CNPS (allocations familiales, prise en charge des maladies professionnelles et accidents du travail, pensions de retraite…). Cette immatriculation « peut se faire, soit auprès de tout centre de prévoyance sociale, soit directement en ligne sur le site web www.cnps.cm », apprend-on.
D’autres secteurs d’activités intéresseraient la CNPS
Il n’y a pas que les personnels de maisons qui se trouvent concernés par la non-immatriculation et le non-reversement des cotisations sociales. De nombreuses entreprises de renom sont curieusement concernées par cette pratique. La totalité des personnels n’est pas déclarée à la CNPS. Conséquence, seule une petite brochète est affiliée et les cotisations mêmes ne suivent pas, au regard de la régularité des salaires. Certaines entreprises préfèrent être à jour avec la CNPS et les impôts sans pour autant verser les salaires. Les fins limiers de la CNPS devraient aussi orienter leurs recherches dans ce sens.