La havane vient de célébrer le 65ème anniversaire de sa révolution et l’arrivée au pouvoir de fidèle Castro. Mais alors que l’île est embourbée dans une crise économique et sociale sans précédent, Que reste-t-il de la révolution ?
Si le rapprochement avec Barack Obama avait laissé des espoirs d’ouverture aux jeunes entrepreneurs Cubains, la crise sanitaire a mis le tourisme en arrêt alors que c’est le secteur qui apporte le plus de devises a CUBA. De quoi inquiéter la sociologue Blandine Destremeau qui rappelle que le pays ne produit que très peu de biens et a largement recours à l’importation. « La dépendance aux devises est extrême et les pénuries s’aggravent ce qui entraîne un cercle vicieux pour la production. Cuba serait le seul pays au monde où on ne pourrait pas produire d’œufs et de poulets, je pense aussi qu’il y a un découragement de la part des personnes qui veulent se lancer dans les productions en raison des casses têtes bureautiques. »
Pénuries qui compliquent considérablement les conditions de vie des Cubains et qui entraîne par ailleurs un désintérêt de la population pour la politique et pour l’histoire de leur système politique. « En sachant que j’allais venir ce matin pour la célébration du 65ème anniversaire, Je me suis renseignée hier. J’ai écrit à plusieurs personnes, seulement personne n’a rien vu passer même à la télévision, les gens n’ont pas allumé leur télévision pour regarder. Les mots qui sont revenus dans les échanges des messages watsap que j’ai eu, c’est des mots comme l’apathie, l’indifférence ». Comment en est-on arrivé là?
A y voir de près, de nombreuses inégalités qui font pignon sur rue dans le pays seraient à la base de ce désamour. « Il est difficile de mesurer le niveau des inégalités. Beaucoup de rumeurs circulent sur la richesse des dirigeants notamment des dirigeants militaires puisque ce qu’on sait ou qu’on croit savoir c’est que la concentration du pouvoir économique est entre les mains de l’armée. Ils achètent des terres, le droit à la terre à Cuba a toujours existé mais depuis quelques années des mesures sont prises pour reprivatiser. A l’inverse j’observe que les pensions retraites s’affaiblissent ainsi qu’une hausse de l’émigration », Révèle la chercheuse.
L’émigration de la jeunesse cubaine entraîne également une double conséquence. La fuite de la matière grise mais aussi l’abandon des personnes âgées qui se retrouvent sans famille sur l’île. La destination privilégiée des jeunes cubains c’est les USA. Car ils y bénéficient encore d’un régime de faveur. Les cubains arrivent au Nicaragua puis remontent jusqu’à la frontière mexico états-unienne où ils passent le Rio grande avec des Cayotes. Il existe également un autre moyen d’entrer aux USA qui consiste à engager une famille sur place pour accueillir un proche.