Le phénomène de fuite des talents sportifs camerounais ou l’exode des muscles, demeure une actualité des plus préoccupantes au Cameroun. Que ce soit de façon régulière : cas isolé du football via l’immigration footballistique, ou par abandon des délégations lors des participations aux compétitions sportives internationales, ou pire encore par immigration clandestine via la route, les athlètes camerounais ne rechignent pas lorsque l’occasion leur est donnée d’immigrer hors du Cameroun. Ceci malgré la volonté très souvent exprimée de porter haut les couleurs du drapeau national lors des rencontres sportives internationales.
Les derniers jeux du Commonwealth n’ont pas échappé au phénomène en enregistrant des cas de figures de certains athlètes. Ce faisant, les causes à l’origine du phénomène restent toujours en suspens. Si les mobiles très souvent évoqués sont toujours d’actualité, tels que : le manque d’infrastructures sportives adéquat, absence d’encadrement et de soutiens institutionnels, absence de perspective de développement de carrière, absence de suivi et d’accompagnement des athlètes de façon générale, il faut également y ajouter l’impact des représentations liées aux réussites des compatriotes s’étant distinguées par cette pratique d’exode : le cas illustratif étant celui de Francis Ngannou, Champion du Monde poids lourds en MMA ; laquelle représentation structure chez les jeunes athlètes, l’immigration comme voie idéale de réussite sportive.
Toutefois, il serait regrettable de ne pas mentionner les efforts qui sont faits par certaines autorités pour pallier ces manquements et établir les conditions minimales d’épanouissement et de développement du secteur sportif camerounais. Le cas d’engagement le plus récent dans ce sens nous renvoie par exemple à l’ensemble d’initiatives et d’actions réformatrices et innovatrices prises par l’actuel président de Fédération Camerounaise de Football et non moins ancien footballeur vedette : Samuel ETO’O Fils depuis son élection à la tête de cette institution.
Nonobstant le fait que ces actions soient limitées au sous-secteur footballistique, il n’y aurait aucun mal à nourrir le souhait de voir ce type de dynamique s’élargir aux autres disciplines sportives afin de guérir, ou du moins, d’atténuer ce phénomène qui constitue un handicap dans la consolidation du Cameroun comme Puissance Sportive Africaine et même au-delà. Il est cependant clair qu’il est important que les acteurs locaux du sport arrivent à maturité sur place avant de solliciter l’expatriation. Cela a un double avantage tant pour le sportif que pour le Cameroun lui-même. Les sportifs sortis clandestinement ou prématurément connaissent généralement de grosses difficultés d’acclimatation et de reconnaissance internationale au point ou la plupart des carrières s’arrêtent brutalement. La meilleure solution à ce phénomène réside dans le management des activités sportives locales.
Une meilleure organisation des sports concours forcément à l’amélioration de la compétitivité des sportifs, au rehaussement du niveau global des athlètes et à leur surenchère sur les marchés des transferts.