Le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Ali Nafti, a convoqué ce jeudi l’Ambassadrice du Royaume des Pays-Bas en Tunisie, Josephine Frantzen. La démarche, instruite par le Président Kaïs Saïed, vise à protester « fermement » contre ce que les autorités considèrent comme une intervention dans les affaires intérieures du pays. Cet incident s’ajoute à une série de tensions avec les représentations européennes, notamment l’Union européenne.
»Protestation ferme » et rappel à l’ordre
La convocation de l’Ambassadrice Josephine Frantzen au ministère des Affaires étrangères marque une nouvelle étape dans la période de crispation diplomatique que traverse la Tunisie.
Selon des sources officielles à Tunis, la rencontre avait pour but d’exprimer à la diplomate néerlandaise « une protestation ferme en raison de son non-respect des règles du travail diplomatique ».
Le ministre Nafti a enjoint l’Ambassadrice à :
– Respecter strictement les usages diplomatiques en vigueur.
– S’abstenir d’intervenir, de quelque manière que ce soit, dans les affaires intérieures de la Tunisie.
Les griefs précis des autorités portent sur des actions ou initiatives de la diplomate jugées non conformes aux engagements diplomatiques et enfreignant les règles fondamentales du travail à l’étranger.
Une série de convocations ciblant l’Europe
Cette démarche n’est pas isolée. Elle survient quelques jours seulement après que l’ambassadeur de l’Union européenne à Tunis, Giuseppe Perrone, ait été lui aussi convoqué.
Les raisons de la convocation de l’Ambassadeur Perrone, bien que similaires (non-respect des usages diplomatiques), semblent liées à des rencontres spécifiques. Des médias locaux ont notamment relayé que les autorités tunisiennes lui reprochaient d’avoir rencontré des dirigeants de la centrale syndicale (UGTT) et du patronat (UTICA), ainsi que d’avoir salué publiquement le rôle du syndicat dans le dialogue social, ce qui a été interprété par Carthage comme une violation du protocole.
Le contexte de la « non-ingérence »
Le Président Kaïs Saïed a toujours affiché une ligne très stricte concernant la souveraineté nationale et le principe de non-ingérence. Il a d’ailleurs qualifié récemment de « flagrante ingérence » une résolution votée par le Parlement européen appelant à la libération de certaines personnes détenues pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression en Tunisie.
Ces convocations successives envoient un signal fort aux partenaires occidentaux : Tunis exige une application rigoureuse des conventions diplomatiques et une abstention totale de tout commentaire ou initiative jugée susceptible d’interférer dans la politique intérieure du pays.
À suivre
La réaction officielle des Pays-Bas et de l’Union européenne à ces rappels à l’ordre successifs est désormais attendue, alors que les relations bilatérales traversent une zone de turbulence.