La pratique consistant à payer une somme contre la monnaie est devenue un métier pour certains hommes et femmes
Il fera bientôt plus de 2h qu’Yvonne, vendeuse d’arachides frais et bouillis, effectue des allers et retours à la recherche de la monnaie de 5 000 f CFA. Après cette longue marche finalement inutile, puisqu’elle n’a pas pu avoir ce qu’elle voulait, la jeune dame sera obligée de se diriger vers un monsieur installé dans un kiosque non loin de l’entrée arrière du ministère de la fonction publique et de la réforme administrative(Minfopra). Là-bas, elle est obligée de donner une somme de 200 f CFA contre la monnaie de 5 000 f CFA. Nous sommes rendus à 10h au lieudit « carrefour éducation » situé sur l’axe longeant de la Poste centrale au marché Mokolo, à Yaoundé.
Le client quant à lui est visiblement fatigué d’attendre. « La dame ci est même partie où mon Dieu ? Il fallait me dire que tu n’as pas la monnaie, que de me laisser fondre sous le soleil », lâche dans la colère le monsieur, le visage tout mouillé de sueur. Et voilà Yvonne qui arrive entre temps en courant. « Sincèrement, je suis désolée. Ce n’est pas de ma faute. J’ai été obligé de payer pour qu’on me donne la monnaie. C’est comme ça que cela se passe ici », s’excuse-t-elle. Apparemment, le jeune monsieur a passé près de 30 minutes sur place, à attendre sa différence.
C’est pratiquement le même cas de figure au niveau du « Boulevard du 20 mai ». Il est pratiquement 11h. On aperçoit, à 50 mètres de là, des messieurs et dames se dirigeant vers une femme qui les reçoit à tour d’arriver. Ici, le tarif d’échange varie d’un client à l’autre. Les plus anciens sont prioritaires. « Si tu as 200 f CFA, tu donnes à la dame assise avec la sacoche rouge là. Elle va te donner la monnaie. Quand tu arrives, remets-lui simplement la somme et ton billet de 10 000 f CFA. Elle va comprendre », souffle un vendeur ambulant à un monsieur.
En réalité, l’activité d’échange de monnaie est un commerce qu’effectuent des hommes et femmes depuis 1 an sur ces espaces sus cités. Certains parmi eux en ont fait d’ores-et-déjà un métier. « Je connais cette femme depuis 2020. C’est pour cette activité qu’elle sort tous les matins pour venir ici. Elle n’est pas seule. D’autres ne sont pas fixe », renseigne un vendeur à la friperie. Par ailleurs, il est difficile pour ceux-ci de confier leur source de ravitaillement.
Néanmoins, certaines sources rencontrées sur les lieux indiquent qu’« il y a deux monsieur qui viennent de temps en temps ici. Ce sont eux qui donnent des billets de 5 00 à 5 000 f CFA à cette femme, ainsi que les pièces. La femme à son tour revend la monnaie selon son tarif. En soirée, ce monsieur revient pour prendre sa quote-part. C’est donc le même processus qui se passe tous les autres jours. Moi également, je faisais dans cela avant d’embrasser l’activité que j’effectue aujourd’hui », explique Apollinaire. Aisément, l’on comprend que l’activité d’échange de monnaie est devenue un commerce voire un métier pour certains camerounais résidant dans la capitale politique.