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Edito : Développer l’infrastructure verte en Afrique

En marge du Sommet pour un nouveau pacte financier mondial qui se tient à Paris, les dirigeants africains, les investisseurs et les partenaires au développement, dont le Groupe de la Banque africaine de développement, ont exprimé leur soutien indéfectible à l’Alliance pour l’infrastructure verte en Afrique, qui s’achemine vers une première clôture de 500 millions de dollars pour des projets d’infrastructures vertes en Afrique. Le président de la Banque africaine de développement, Akinwumi A. Adesina, a animé une table ronde sur l’Alliance, qui est une initiative de la Commission de l’Union africaine, de la Banque africaine de développement, d’Africa50 et de divers autres partenaires. 

« L’Alliance mobilisera 100 millions de dollars de dons pour la préparation des projets, 400 millions de dollars de financement mixte par le biais de dons, de ressources concessionnelles et d’investissements commerciaux pour le développement de projets », a déclaré M. Adesina, expliquant le fonctionnement de l’initiative. Au cours de l’événement, Amadou Hott, envoyé spécial de la Banque africaine de développement pour l’Alliance, a annoncé que Mark Gallogly, de la société philanthropique Three Cairns Group, avait octroyé un don de 5 millions de dollars à l’Alliance.

La table ronde a offert aux présidents, investisseurs et partenaires africains l’occasion de discuter de l’initiative et d’autres mécanismes innovants de financement de la lutte contre les changements climatiques, sur fond de discussions de haut niveau visant à réformer l’architecture financière mondiale afin de la rendre plus équitable pour les pays en développement. Ces pays cherchent également à obtenir des financements pour s’adapter rapidement à l’accélération des changements climatiques, car leurs budgets sont limités. Le président kenyan William Ruto a déclaré que la part déjà faible de l’Afrique dans les investissements mondiaux en matière d’énergie avait fortement diminué au cours des cinq dernières années.

Le coût des emprunts en Afrique, qui est huit fois plus élevé que dans d’autres régions, constitue un autre défi. « Changeons de discours », a déclaré M. Ruto. « Ne parlons pas de nous contre eux, de nord contre sud. Adoptons une approche gagnant-gagnant ». Le président des Comores, Azali Assoumani, qui préside actuellement l’Union africaine, a déclaré que son gouvernement mettait en place les conditions propices pour attirer les investissements dans le secteur des énergies renouvelables de la nation insulaire. Plusieurs dirigeants africains ont cité l’utilisation du bois de chauffage et la cuisson propre comme étant un enjeu particulier.

« À Madagascar, comme dans de nombreux pays africains, nous utilisons encore le charbon, et chaque ménage doit détruire un hectare pour cuisiner, c’est pourquoi nous avons besoin de financements pour des sources d’énergie alternatives », a déclaré Andriy Rajoelina, président de la République de Madagascar.  Le président ghanéen, Nana Akufo-Addo, a déclaré que l’Alliance devait être réactive. « La demande que je ferais à l’Alliance pour l’infrastructure verte est que, lorsque des projets vous sont envoyés pour obtenir votre appui, ces projets soient traités rapidement », a-t-il déclaré. Mafalda Duarte, directrice exécutive du Fonds vert pour le climat, a exprimé son ferme soutien au financement concessionnel comme outil de stimulation du développement des infrastructures.

« Les dirigeants africains ont pris des décisions importantes qui semblent contre-intuitives aux yeux de beaucoup. Le Kenya investit depuis un certain temps dans le développement de l’énergie géothermique et les financements concessionnels ont joué un rôle essentiel pour dérisquer ces investissements », a-t-elle déclaré. Elle a cité les investissements du Maroc dans l’énergie solaire comme une autre utilisation réussie du financement concessionnel. Alexia LaTortue, secrétaire adjointe au Trésor des États-Unis pour les marchés internationaux, a fait l’éloge de l’Alliance, affirmant qu’elle pourrait inverser le récent déclin de l’investissement privé en Afrique. « J’ai bon espoir que l’AGIA pourra aider à jouer un rôle de coordination entre les différentes structures de préparation de projets sur le continent, afin que les ressources financières et humaines existantes puissent être exploitées de manière plus efficace et plus efficiente », a déclaré Mme LaTortue.

En gros, les discussions avaient souligné le potentiel de l’AGIA pour aider l’Afrique à construire des infrastructures d’une nouvelle manière, en les construisant vertes et en écologisant des infrastructures déjà brunes pour les rendre suffisamment résilientes. L’AGIA y parviendrait rapidement et dans le respect des règles du marché. L’événement avait en fait démontré le robuste soutien politique et financier que l’initiative a obtenu. « Nous devons maintenant parvenir à une clôture, une première clôture, car c’est à cela que ressemble l’avenir, et cet avenir nous mènera à la COP28, ou même avant la COP28, je l’espère », a déclaré M. Adesina.  

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