AFRIQUE – Réunis ce 20 novembre 2025 au Maroc, les ministres africains ont adopté un texte fondateur pour la protection de l’enfance en zone de conflit. La « Déclaration de Rabat » ne se contente pas de condamner : elle lance le chantier d’un futur instrument juridique continental.
C’est un signal fort envoyé depuis Rabat. Face à la persistance des conflits qui déchirent certaines régions du continent, les États africains ont décidé de passer à la vitesse supérieure concernant la question sensible des enfants-soldats. Au terme de la Conférence ministérielle sur le désarmement, la démobilisation et la réintégration (DDR), les délégations ont adopté la « Déclaration de Rabat ».
Ce document qualifie sans équivoque l’enrôlement des enfants de « violation grave du droit international » et dresse un constat alarmant sur la multiplication des abus : recrutements forcés, violences sexuelles et entraves à l’aide humanitaire.
Prévenir plutôt que guérir
Le texte marque un changement de paradigme. Si la démobilisation reste cruciale, l’accent est désormais mis massivement sur la prévention.
Les ministres ont insisté sur la nécessité de s’attaquer aux « causes profondes » de l’enrôlement. Pour couper l’herbe sous le pied aux groupes armés, la stratégie repose sur :
– Le renforcement de la résilience communautaire ;
– La mise en place de mécanismes d’alerte précoce ;
– La réduction des facteurs de vulnérabilité économique et sociale des familles.
Une réintégration « sur-mesure »
Que faire des enfants une fois sortis du maquis ? La Déclaration de Rabat plaide pour une approche plus humaine et moins bureaucratique. Les programmes de réintégration devront être « globaux, durables et individualisés ».
Concrètement, cela signifie ne plus se limiter au simple désarmement. Le texte appelle à combiner soutien psychosocial, scolarisation et autonomisation économique. Un point d’honneur est mis sur la lutte contre la stigmatisation : pour que la réinsertion fonctionne, l’enfant ne doit plus être vu comme un paria, mais comme un « acteur du changement » au sein de sa communauté.
Vers un cadre juridique contraignant
C’est l’annonce majeure de cette conférence : les bonnes intentions vont se traduire en lois. La conférence a annoncé le lancement d’un processus visant à élaborer un instrument juridique continental spécifiquement dédié à la prévention du recrutement et à la réintégration des enfants-soldats.
Pour piloter cette ambition, un « Groupe des Amis sur le DDR axé sur les enfants » a été créé. Sa mission sera de coordonner les efforts des États et de s’assurer que la protection des mineurs soit systématiquement incluse dans les futurs processus de paix.