Le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Gabriel Mbairobe, préconise la substitution de ce produit par les farines de manioc, du plantain et de la patate douce produites localement.
Le prix du blé qui connait une hausse considérable dans le monde et au Cameroun est la conséquence de la crise qui oppose la Russie et l’Ukraine. Ces conséquences impactent négativement le coût d’autres denrées alimentaires sur le marché international. Au Cameroun depuis quelques semaines, les spéculations sur l’augmentation ou non du prix de la baquette de pain ont livré leur copie. Les consommations déboursent en moyenne 150 FCFA pour s’offrir une baguette de pain. Une inflation due à l’explosion du prix du blé car selon une étude rendue publique en août 2021 par le Bureau de mise à niveau des entreprises (BMN) camerounaise, le Cameroun a importé 860 000 tonnes de blé de la Russie, du Canada, de la France, et des États-Unis en 2020 pour 150 milliards.
Aujourd’hui, les importations de blé au Cameroun sont à environ 800 000 tonnes d’importation chaque année ; des chiffres exorbitants qui suscitent des réflexions. Une analyse de la situation affirme que ces chiffres pourraient connaitre une baisse de 300 000 tonnes si les mesures de substitution sont implémentées. Selon le ministre de l’Agriculture et du développement rural, Gabriel Mbairobe : « Il est possible d’insérer 30% des farines de plantain, manioc ou patate douce dans la fabrication du pain. Ce qui nous amènerait à réduire l’importation du blé peut-être de 300 000 tonnes. Les habitudes alimentaires ont fait que, chaque camerounais consomme 33 kg de blé par habitant et par an ; largement au-dessus de la consommation du riz qui n’est que de 25kg par habitant et par an ».
l’adoption par l’Assemblée nationale du projet de loi autorisant le Président de la République à ratifier le statut de l’organisation de la coopération islamique (Oci) pour la sécurité alimentaire (Oisa), adopté par la 4ème session du Conseil des ministres des Affaires étrangères, le 30 mars 2022, pourrait aider le Cameroun à bénéficier des programmes et des financements dans le but de booster sa capacité à produire des denrées de première nécessité.
Notre pays avait déjà une avance dans le domaine, il disposait d’une société de production de blé qui s’appelait Sodeblé. Elle était installée dans les Haut-plateaux de l’Adamaoua à Ngaoundéré. Elle a fermé ses portes en 1989 suite à la crise économique. Avec le concours de l’IRAD, le Cameroun produit 300 tonnes de semences de blé pour répondre aux demandes des villageois. La production malheureusement peine à satisfaire la forte demande nationale. « La contrainte que nous avons dans la production du blé est qu’il y a du blé irrigué et nous faisons le blé pluvial dont le rendement est très bas ; près de 3 tonnes à l’hectare », relève le ministre pour le regretter.
Selon les spécialistes, le blé est très gourmand en intrants agricoles tels que les engrais (400 kg par hectare) et le coût de production du blé est trois fois plus élevé que le blé importé…Des éléments qui freinent sa production à grandes échelles au Cameroun. Mais, l’État voudrait relever ces défis. Des zones ont déjà été identifiées au niveau du triangle national pour la production de plusieurs variétés de cette céréale.