En Éthiopie, les tensions montent avec la région du Tigré. Les arrestations se multiplient après la déclaration de l’état d’urgence la semaine dernière par le gouvernement du Premier ministre Abiy Ahmed. Une réponse à la menace des combattants du Front de Libération du peuple du Tigré de marcher sur la capitale Addis-Abeba. Ce mercredi 10 novembre 2021, l’Organisation des Nations unies a déclaré que plusieurs dizaines de ses employés éthiopiens avait été arrêté.
L’Organisation des Nations unies a confirmé l’information mercredi matin : 72 chauffeurs du Programme alimentaire mondial (PAM) sont actuellement détenus à Semera, dans le nord du pays. Une ville située sur la seule route permettant l’acheminement d’aide humanitaire vers la région du Tigré, ravagée par la guerre depuis plus d’un an et toujours en proie à une crise humanitaire de grande ampleur.
Conséquence de ces arrestations : l’ONU estime que seule 15% de l’aide nécessaire a pu parvenir à la région septentrionale, par la route de Semera. Le personnel onusien affirme être « en contact avec le gouvernement éthiopien afin de comprendre les raisons » de la détention de ses employés.
L’évènement est loin d’être isolé. Depuis l’annonce des mesures d’états d’urgence, le gouvernement d’Abiy Ahmed procède à une vague d’arrestations, ciblant des Tigréens dans la capitale Addis-Abeba. Selon des avocats, ils seraient des milliers à être détenus de manière arbitraire, l’état d’urgence permettant aux autorités de détenir sans mandat toute personne soupçonnée de soutenir des « groupes terroristes ».
Mardi, 22 employés éthiopiens de l’ONU avaient également été arrêtés par les autorités. Six d’entre eux ont été libérés mais seize restent toujours en détention.
• L’ONU admet avoir des difficultés à comprendre les raisons de ces détentions
C’est une nouvelle attaque d’Addis-Abeba contre les Nations unies : alors que neuf de ses employés éthiopiens sont encore détenus sur les 22 arrêtés, l’ONU réclame maintenant la libération de 72 chauffeurs de camions, qui travaillent pour le programme alimentaire mondial et d’autres ONG, à acheminer l’aide humanitaire.
Ces chauffeurs étaient tous en route pour le Tigré, ravagé par la guerre et la famine, et ont été stoppés hier à Semera. Ils seraient d’appartenances ethniques diverses, et il y aurait des Tigréens parmi eux. Les camions, pleins, ont été laissés sur place le long de la route et pour l’ONU, ces arrestations ont de facto créé un « blocus humanitaire », encore plus grave compte tenue la situation.
Déjà avant les frappes aériennes du 18 octobre, seulement 15% de l’aide parvenait au Tigré. Depuis, c’est encore moins. Et c’est pour cette raison qu’il est crucial que ces camions puissent reprendre leur route selon le porte-parole Stéphane Dujarric.