Alors que l’Éthiopie s’efforce de panser les plaies de ses récents conflits et de forger une nouvelle ère de paix par le biais d’un dialogue national inclusif, plusieurs milices armées clés persistent à bouder le processus, soulevant de sérieuses inquiétudes quant à la viabilité à long terme de la stabilité dans le pays. Cette réticence à s’engager met en lumière les défis profonds auxquels est confronté le gouvernement dans sa tentative d’intégrer toutes les factions dans un avenir commun.
Le dialogue national, lancé avec l’ambition de rassembler les diverses communautés éthiopiennes et de résoudre les griefs historiques et les tensions actuelles, a été salué par beaucoup comme une étape cruciale vers la réconciliation. Cependant, son succès dépend intrinsèquement de la participation de toutes les parties prenantes, y compris celles qui ont eu recours aux armes pour exprimer leurs revendications.
Parmi les groupes notables qui ont jusqu’à présent refusé de s’asseoir à la table des négociations figurent des factions armées opérant principalement dans les régions d’Oromia et d’Amhara, ainsi que certains éléments résiduels du conflit du Tigré.
Leurs raisons pour cette non-participation sont diverses et complexes, allant de la méfiance envers le processus gouvernemental à des revendications territoriales et politiques non satisfaites, en passant par le désir d’obtenir des concessions plus importantes.
Dans la région d’Oromia, la principale pomme de discorde concerne souvent le sort de l’Armée de libération Oromo (OLA), que le gouvernement a désignée comme un groupe terroriste. Bien que des appels aient été lancés pour un dialogue avec l’OLA, des conditions préalables mutuelles rigides ont empêché toute avancée significative. L’OLA exige souvent la libération de prisonniers politiques et la cessation des opérations militaires dans la région comme conditions préalables à toute discussion, tandis que le gouvernement insiste sur leur désarmement.
Dans la région d’Amhara, des milices locales et des groupes d’autodéfense formés pendant le conflit du Tigré, tels que le Fano, expriment des préoccupations concernant la sécurité de leur région et la démobilisation forcée de leurs membres sans garanties adéquates. Certains exigent également une plus grande autonomie régionale et la reconnaissance de leurs sacrifices passés.
Le gouvernement éthiopien, sous la houlette du Premier ministre Abiy Ahmed, a réaffirmé son engagement envers un dialogue inclusif et a exhorté tous les groupes à y prendre part. Les facilitateurs du dialogue ont multiplié les efforts pour tendre la main à ces milices, mais les progrès restent lents et fragmentés.
Les observateurs craignent que la persistance de poches de résistance armée ne sape les efforts de reconstruction et de stabilisation du pays, créant un environnement propice à de futures flambées de violence. La communauté internationale a également appelé à une participation maximale au dialogue, reconnaissant son importance pour une paix durable en Éthiopie. Cependant, la pression extérieure seule ne suffira pas si les griefs sous-jacents des milices ne sont pas abordés de manière significative.
Pour que le dialogue national atteigne ses objectifs, il sera impératif de :
* Rétablir la confiance : Le gouvernement doit faire des efforts tangibles pour démontrer sa bonne foi et sa volonté de faire des compromis.
* Adresser les griefs profonds : Les préoccupations légitimes des milices, qu’elles soient politiques, économiques ou sécuritaires, doivent être écoutées et des solutions viables proposées.
* Impliquer des facilitateurs crédibles : Le recours à des médiateurs neutres et respectés pourrait aider à briser l’impasse.
* Garantir la sécurité des participants : Les milices doivent être assurées de leur sécurité et de celle de leurs membres s’ils choisissent de déposer les armes et de participer au processus politique.
L’Éthiopie se trouve à un carrefour critique. La réussite du dialogue national est essentielle pour tracer une voie vers une paix durable et la prospérité. L’exclusion continue de ces milices armées, cependant, jette une ombre d’incertitude sur l’avenir, soulignant la nécessité urgente d’une approche plus flexible et inclusive pour les ramener à la table des négociations avant qu’il ne soit trop tard. La balle est dans le camp de toutes les parties pour saisir cette opportunité de construire un avenir pacifique pour tous les Éthiopiens.