« Monde du travail : lutte contre la covid-19, protection des emplois et productivité » Tel est le thème retenu par les autorités camerounaises pour la célébration de la 136ème fête du travail. Mais en quatre ans de célébration de la fête du travail au Cameroun de 2019 à 2022, la récurrence de la santé du travailleur et la protection de ce dernier suscite un décryptage sur la réalité telle que vécu sur le terrain par les acteurs de cette journée célébrée.
Etat des lieux de la protection des emplois
Le Cameroun traverse depuis le début des années quatre-vingts une graves crises économique se traduisant, sur le terrain de l’emploi, par une baisse vertigineuse de l’offre d’emploi et du niveau de protection chez les travailleurs. Déjà en temps normal la protection des travailleurs est très relative. La politique de l’emploi mise en œuvre par les pouvoirs publics est loin de générer des emplois dépendants et indépendants en nombre suffisant, la faible couverture du territoire national par les services chargés du contrôle de l’application des normes a causé un taux élevé d’ineffectivité de la législation du travail et surtout de la prévoyance sociale, au point de segmenter le monde du travail camerounais en deux grands blocs : le bloc des travailleurs bénéficiant de la protection légale et le bloc, plus important, des travailleurs qu’on pourrait dire au noir.
Au fil des années, le chômage galopant aidant, la politique patronale, avec le laxisme du gouvernement, n’a pas évolué vis-à-vis des employés pour ne pas dire qu’elle s’empire jour après jour. La protection des emplois, plus qu’une vue de l’esprit est devenu depuis 3 années déjà un slogan politique creux à travers lequel le gouvernement qui se refuse d’arbitrer, de jouer pleinement son rôle, se donne une bonne conscience prétextant que la crise économique a contraint les entreprises à de choix stratégiques très souvent défavorables aux travailleurs.
Deux réactions principales peuvent être Soulignées, dont l’une est bien visible et l’autre assez occulte. De façon très ostensible, les entreprises ont été amenées à procéder aux licenciements massifs ou, au mieux, à Maintenir les relations de travail au prix d’un abaissement très significatif du niveau de la protection des travailleurs. Au final, un constat est clair, le 1er mai est le seul jour dans l’année où les employés sont autorisés dans une certaine mesure, à parler de syndicat, des droits des travailleurs, des difficultés de leur quotidien. C’est le seul jour où les employeurs (encore que certains ne le font pas) organisent les agapes pour les employés mais surtout habillent ces derniers aux couleurs de l’entreprise.