« Nous ne sommes pas prêts à payer un prix illimité pour rester au Mali » a déclaré la ministre française de la Défense Alors que la tension entre la junte militaire au pouvoir au Mali et la France a atteint son paroxysme.
La ministre française de la défense Florence Parly a indiqué ce weekend que son pays n’est pas prêt à payer plus qu’il en faut pour rester au Mali. « Les conditions de notre intervention, qu’elle soit militaire, économique ou politique, sont devenues de plus en plus difficiles à gérer », a déclaré Florence Parly. « Bref, nous ne sommes pas prêts à payer un prix illimité pour rester au Mali », a-t-elle ajouté.
Jeudi, dans une interview accordée aux médias internationaux, le chef de la diplomatie malienne Abdoulaye Diop a déclaré que : «Nous demandons que Paris nous respecte en tant que pays» en réponse aux propos de son homologue Jean Yves le Drian qui a carrément proféré des injures contre le Mali et la junte au pouvoir. La réaction de la ministre française de la défense sonne comme un signal fort. Paris est-il en train d’envisager de battre en retraite face à la témérité des militaires à la tête du mali ? La France serait-elle finalement en train de perdre la bataille face à ce gouvernement militaire ?
L’humiliation pointe à l’horizon
Si la ministre s’est voulue peu parlante à propos c’est justement pour éviter de parler clairement d’une décision savamment murie et d’un calendrier de retrait des militaires français du terrain des opérations. Simplement que l’humiliation pointe à l’horizon. La France depuis la fin des indépendances n’a jamais connu plus dur que le mali, l’Afrique de l’Ouest en tout cas. Le pré-carré français a toujours exécuté sa volonté, il lui a toujours obéit au doigt et à l’œil. La résistance de quelques leaders a souvent été sanctionnée par des assassinats, des emprisonnements et des mises à l’écart des sphères politiques. Comme le disent les ivoiriens, cette fois la France a « trouvé garçon ».
La junte militaire au mali met une chose en avant : « l’intérêt supérieur du peuple Malien ». Le ministre de communication et parole du gouvernement malien l’a plusieurs fois martelé ce weekend lors d’une interview que lui a accordée la chaîne France 24. Abdoulaye Diop, patriote jusque dans son ADN, a clairement étalé les intentions de son pays : « revoir les accords passés avec la France dans le sens des intérêts du mali…ne céder à aucune pression…répondre le cas échéant à toute attaque de quelque nature que ce soit… ». Face à ces propos qui traduisent la détermination, la France se trouve certainement coincée et esseulée dans cette lutte. Sommée de déguerpir ses soldats le Danemark a tôt fait de s’exécuter.
Le ministre danois des Affaires étrangères, Jeppe Kofod. « Le Danemark n’est pas le bienvenu au Mali. Nous ne l’acceptons pas et pour cette raison, nous avons décidé de rapatrier nos soldats », a-t-il déclaré. Autant ça craint, autant il faut prendre des dispositions. L’intervention de la France au Mali a déjà couté la vie à 54 soldats français sans compter l’énorme budget. Le ministre français de la Défense en 2013, Jean-Yves Le Drian, affirmait que la guerre au mali coute chère à la France, « soit 2,7 millions d’euros par jour. ». Le plus difficile encore est sur le plan politique. Pour Emmanuel Macron, perdre le Mali à quelques mois des élections présidentielles est un mauvais présage. Sa cote de popularité va prendre un coup, ce qui n’est pas bon pour son avenir politique. Du coup, il est difficile de prendre une décision qui fait l’unanimité. Mais plus loin, voire la France capituler face au mali, est aussi le début de la fin de ces rapports francophonisâtes, entre la France et l’Afrique qui réclame la totalité de son indépendance depuis des dizaines d’années.