En prescrivant une batterie de mesures la semaine dernière pour stopper l’opération « craie morte », le Président de la République Paul Biya veut sans doute prévenir « une saison blanche et sèche » au Cameroun pour reprendre le titre du Best-seller du Sud-africain André Brink, prix Médicis étranger en 1980.
Dans la foulée, le gouvernement a d’ailleurs annoncé en application des instructions présidentielles, l’apuration de la dette due aux enseignants à court et à moyen terme, soit 181 milliards de francs CFA. Faut-il le rappeler, les seigneurs de la craie en grève depuis le 21 février 2022, avaient égrené un chapelet de revendications allant de la surpression pure et simple du système d’avance sur solde, en passant l’automatisation des avancements avec effet immédiat, à la mise en application du statut particulier de l’enseignant. Des revendications, sommes toutes légitimes, portées par une action corporative que le Chef d’État tente désormais de tuer dans l’œuf.
Pour l’établishment, il est impératif de contourner plus que jamais les cellules d’actions spéciales politiquement formées ou stratégiquement entraînées qui pourraient « infiltrer » le mouvement « On a trop supporté» avec des agendas cachés, si ce n’est déjà fait ! Mais ne nous limitons pas à ces manœuvres sous-jacentes quoique interpellatives, sans poser en toile de fond la réflexion qui se dégage ce débrayage. Il s’agit de l’urgence d’une réforme profonde de l’administration publique camerounaise.
L’amélioration de la qualité des services administratifs à travers un allègement des procédures, l’informatisation du circuit administratif et la lutte sans état d’âme contre les pratiques de corruption sont donc désormais urgents pour échapper au sinistre et faire taire la critique qui dans l’ouvrage « les doigts noirs » de l’écrivain Jacques Kuoh Moukouri posait de façon sentencieux la problématique de l’incompatibilité entre l’indigénat et du fonctionnariat dans notre pays.