L’industrie de l’huile de palme au Cameroun connaît actuellement des changements significatifs, avec l’arrivée de quatre nouveaux opérateurs sur le marché. Selon des sources internes à l’Association des raffineurs des oléagineux du Cameroun (Asroc), ces nouveaux acteurs contribueront à dynamiser la concurrence dans un secteur qui souffre d’un déficit structurel croissant de matières premières.
Parmi ces nouveaux arrivants, on retrouve la Société de raffinage du Cameroun (Sorac) et la Nouvelle raffinerie du Cameroun, qui prévoient de mettre sur le marché respectivement 100 000 tonnes et une capacité de production journalière de 500 tonnes d’huile raffinée. Ces nouvelles unités agro-industrielles viennent s’ajouter à la société Novia, qui a lancé ses activités il y a environ 5 mois. Avec un investissement de plus de 50 milliards de FCFA, Novia a créé plus de 300 emplois et dispose d’une capacité de production journalière de 500 tonnes d’huile raffinée.
La marque « Oleo » de Novia ainsi que les savons « Uno » et « Jazz » sont déjà présents sur les marchés et dans les grandes surfaces du pays. Cependant, malgré l’arrivée de ces nouveaux acteurs, l’industrie de l’huile de palme au Cameroun fait face à un déficit structurel croissant. Au fil des années, la capacité de transformation de l’huile de palme a augmenté plus rapidement que la capacité de production de matières premières dans le pays, ce qui a entraîné un déficit annuel de 160 000 tonnes depuis 2022, contre 130 000 tonnes en 2020. Ce déficit, calculé sur la base de 50% des capacités de transformation, est en réalité beaucoup plus important lorsque l’on tient compte des capacités réelles des transformateurs.
Selon l’Asroc, la demande des unités de transformation industrielle de l’huile de palme brute au Cameroun atteint aujourd’hui plus d’un million de tonnes par an. Cependant, l’offre locale n’a pas suivi cette augmentation de la demande. Selon les chiffres du ministère de l’Agriculture, l’offre locale est passée de 343 000 tonnes en 2014 à 413 000 tonnes en 2018, et devrait atteindre 450 000 tonnes en 2024 selon la Banque des États de l’Afrique centrale (Beac).
Pour faire face à cette situation, le gouvernement camerounais a mis en place une politique de quotas dans la répartition de la production industrielle aux transformateurs, en fonction de leurs capacités installées. Cette politique vise à résoudre l’équation entre une demande croissante des industries et une production insuffisante. En parallèle, les opérateurs sont contraints d’importer massivement de l’huile de palme brute pour approvisionner les raffineries.
L’arrivée de ces nouveaux acteurs sur le marché de l’huile de palme au Cameroun est donc une étape importante pour stimuler la concurrence et répondre à la demande croissante des industries. Cependant, il est essentiel que des mesures soient prises pour renforcer la production locale de matières premières afin de réduire le déficit structurel et de garantir la durabilité de l’industrie de l’huile de palme au Cameroun.
