L’Europe est au banc des accusés sur le sort réservé aux migrants africains dans le désert du Sahara. Selon une enquête menée par des médias internationaux et le collectif de journalistes Lighthouse Reports, le vieux continent joue un rôle majeur dans l’abandon chaque année de « dizaines de milliers de personnes noires dans le désert ».
L’enquête détaille comment l’Europe soutient, finance et participe directement à des opérations clandestines dans des pays d’Afrique du Nord avec pour objectif d’abandonner à leur sort chaque année des dizaines de milliers de personnes issus de pays d’Afrique subsaharienne dans le désert ou dans des régions isolées afin que ces dernières ne puissent pas rejoindre le continent européen.
L’enquête va plus loin en décrivant un « système de déplacement de masse qui fonctionne grâce à l’argent, les véhicules, l’équipement, le renseignement et les forces de sécurité fournies par l’UE et les pays européens ». Trois pays d’Afrique du Nord sont cités : la Tunisie, le Maroc et la Mauritanie. Dans ces pays, les migrants noirs sont arrêtés en raison de la couleur de leur peau, puis embarqués dans des bus et conduits au milieu de nulle part, souvent dans des zones désertiques et arides, sans eau ni nourriture. Certains sont emmenés vers des zones frontalières où ils sont vendus par les autorités à des trafiquants d’êtres humains et à des gangs qui les torturent contre rançon.
Lighthouse Reports affirme avoir interviewé plus de 50 migrants, venus de pays d’Afrique subsaharienne, victimes de ces agissements en Tunisie, au Maroc et en Mauritanie. L’UE pour rappel, a conclu des accords avec ces trois pays. Des deals qui incluent des financements devant aider ces pays à réduire l’immigration vers l’Europe.
Déterminé à freiner l’arrivée massive de migrants sur son territoire, l’UE a récemment adopté une grande réforme de sa politique en matière d’asile et de migration. Interrogé sur les révélations émanant de cette enquête, la Commission européenne n’a pas donné de réponses claires. Elle a plutôt rejeté la faute sur les pays partenaires affirmant que la situation dans ces États souverains est parfois difficile.