L’enterrement de la jeune Patience Mumbe, vendredi à Nairobi, a ravivé la colère d’une nation confrontée à une recrudescence alarmante des violences basées sur le genre. Depuis janvier 2025, le Kenya enregistre en moyenne 44 féminicides chaque mois.
Un crime atroce à quelques mètres d’un poste de police
Le calvaire de Patience Mumbe, 12 ans, a débuté le soir du 4 décembre dernier. Alors qu’elle jouait avec des amis, la fillette s’est volatilisée. Son corps a été découvert deux jours plus tard dans une tranchée à Embakasi, un quartier de Nairobi.
Détail qui accentue l’indignation générale : la dépouille se trouvait à quelques mètres seulement d’un poste de police, les mains liées dans le dos. L’autopsie a confirmé l’horreur, révélant une agression sexuelle suivie d’une mort par strangulation et traumatisme crânien.
« Mon cœur est encore brisé parce que je ne sais pas ce qui lui est arrivé. Je veux qu’ils trouvent qui a fait cela », a confié Angela Mutindi, la mère de la victime, lors de la cérémonie funéraire ce vendredi.
Une crise sécuritaire pour les femmes kényanes
Le cas de Patience n’est que la partie émergée d’un fléau qui prend des proportions systémiques. Selon les données du Service national de police et de l’UNESCO :
129 femmes et filles ont été tuées au cours du premier trimestre 2025.
44 meurtres par mois en moyenne, soit plus d’un décès par jour.
Niveau record : Selon l’ONU, les signalements de violences ont atteint un pic historique en 2024, et la tendance s’accélère.
L’appel à une réponse institutionnelle
Face à l’inertie apparente des enquêtes — aucun suspect n’a été arrêté pour le meurtre de Patience au 19 décembre — les familles et les militants exigent des réformes structurelles.
Henry Wambua, l’oncle de la victime, a appelé le gouvernement à ne plus se contenter de simples déclarations : « Nous demandons la création d’une unité de police dédiée spécifiquement aux enfants et aux femmes vulnérables dans nos communautés. »
Le gouvernement kényan a annoncé la mise en place d’un groupe de travail spécial pour traiter la question, mais sur le terrain, l’urgence demeure. Pour de nombreuses Kényanes, sortir seule ou laisser un enfant jouer dehors est devenu un acte de bravoure.