Le Haut Commandement militaire bissau-guinéen a officialisé l’établissement d’un cadre institutionnel transitoire de 12 mois en adoptant formellement sa Charte politique de transition. Ce document, déposé auprès de la Cour suprême de justice, acte la rupture de l’ordre constitutionnel survenue lors des événements du 26 novembre 2025.
Justifications de l’Intervention Militaire
Dans le préambule de la Charte, les militaires justifient leur prise de pouvoir par la découverte d’un « supposé plan de déstabilisation du pays » qu’ils attribuent à des « réseaux criminels liés au narcotrafic ». Ils dénoncent également :
Des tentatives d’incitation au chaos et au tribalisme.
Une manipulation des résultats électoraux.
La découverte d’un dépôt clandestin d’armes de guerre, faisant craindre une dérive vers la guerre civile.
Le coup d’État est survenu le mercredi 26 novembre 2025, quelques heures seulement avant la proclamation des résultats de l’élection présidentielle organisée trois jours plus tôt.
Les Piliers du Nouvel Ordre Transitoire
À la suite de l’intervention, le Haut Commandement militaire a procédé à la destitution du président Umaro Sissoco Embaló qui a été arrêté puis exfiltré vers le Sénégal et la République du Congo ainsi qu’à la suspension partielle de la Constitution, de l’acte électoral et des institutions républicaines. Plusieurs responsables politiques et militaires, dont l’ancien Premier ministre Domingos Simões Pereira, ont également été interpellés.
Néanmoins, la Charte insiste sur le maintien des droits et libertés fondamentaux, des garanties constitutionnelles, et de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
La nouvelle gouvernance de transition s’articule autour de quatre organes clés :
Le Président de la République de transition : Désigné par le Haut Commandement militaire.
Le Haut Commandement militaire : Érigé en organe suprême d’orientation politique.
Le Conseil national de transition (65 membres) : Assurant l’exercice du pouvoir législatif.
Le Gouvernement de transition : Dirigé par un Premier ministre.
Un Calendrier Strict et des Interdictions Claires
La durée de la transition est strictement fixée à 12 mois. Des élections sont prévues après un délai minimal de 90 jours suivant la fixation de la date du scrutin. Afin de prévenir toute tentative de confiscation du pouvoir, la Charte impose une interdiction formelle : le président de transition et le Premier ministre ne pourront pas se porter candidats aux élections qui mettront fin à cette période transitoire. Par ailleurs, une loi d’amnistie a été annoncée pour les faits survenus le 26 novembre 2025. Le texte précise également sa primauté sur les dispositions constitutionnelles en cas de contradiction.
Nomination des Leaders de la Transition
Le général Horta N’Tam, ancien chef d’état-major de l’armée de terre, a été investi président de la transition pour une durée maximale d’un an.
Il a pris l’engagement de lutter « énergiquement » contre le narcotrafic, qu’il accuse d’avoir tenté de « capturer la démocratie guinéenne ». Il a nommé Ilidio Vieira Té, dernier ministre des Finances du président destitué, pour diriger le gouvernement de transition.