Editorial

La note : que retenir de Macky Sall après 12 ans à la présidence de la République ?

Le président sortant Macky Sall a dirigé le Sénégal de 2012 à 2024. Il a rejoint la liste des anciens présidents du Sénégal. Macky Sall a passé douze (12) ans (2012 – 2024) à la tête du pays. Comme lui-même l’avait dit lors d’une interview accordée à la presse locale, il ne passe pas un jour de plus à la présidence après le 2 avril. A la faveur de l’élection présidentielle du dimanche 24 mars 2024, le Sénégal a un nouveau président en la personne de Bassirou Diomaye Faye, le candidat porté par l’opposant principal au régime précédent, Ousmane Sonko.  M. Sall quitte ainsi la présidence de la République en laissant sa place à son successeur comme le prévoit la Constitution sénégalaise.

Il n’a pas voulu briguer un second mandat à la tête du Sénégal, invoquant un « code d’honneur », même si la constitution lui donne le droit pour un « second quinquennat », selon lui. L’argument selon lequel il a encore droit à un mandat, Macky Sall le tient de la révision constitutionnelle de 2016 par référendum où, lorsqu’il disait que cette révision s’applique à son magistère, le Conseil constitutionnel a donné un avis contraire en disant que seul son second mandat sera un quinquennat. Il a longtemps brandi cet argument, surtout lors des rencontres avec la presse au cours desquelles il a estimé qu’il a le droit de se présenter à la présidentielle de 2024. Le Conseil constitutionnel « a estimé que mon premier mandat était intangible et qu’il était hors de portée de la réforme », disait-il.

Le débat est plutôt porté sur le champ politique que juridique, selon lui. Son silence sur sa position sur un troisième mandat a crispé le pays qui a sombré pendant un temps dans une tension politique, avec son lot de violentes manifestations accompagnées de morts, de blessés et des centaines de Sénégalais emprisonnés. A 63 ans, celui qui est formé à l’Institut des Sciences de la Terre de Dakar et diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure du Pétrole et des Moteurs (ENSPM) de l’Institut Français de Pétrole (IFP) de Paris s’en va, laissant un bilan que des observateurs qualifient de mitigé pour le Sénégal. Le Train express régional (TER) a été inauguré par Macky Sall en décembre 2021 A son arrivée au pouvoir, le président Macky Sall a lancé de grands projets pour, selon son programme, relever le Sénégal dont la population vit au seuil de la pauvreté.

Il a promis transformer l’économie et d’accélérer la croissance à l’horizon 2035. C’est dans ce cadre qu’il a lancé, dès l’aube de son mandat, le Plan Sénégal Emergent (PSE) qui est « le cadre de référence des politiques de la ‘’gouvernance de Macky Sall’’ visant à conduire le Sénégal sur la voie de l’émergence à l’horizon 2035 », selon les explications de la présidence de la République à l’époque. Grâce à cette politique, le pays a connu l’installation des plaques solaires, ce qui a fait doubler la puissance électrique du Sénégal en sept (07) ans. Le 22 mai 2022, Macky Sall a inauguré la Centrale solaire de Diass qui ajoute 23 MW de solaire au réseau du pays. Cette Centrale permettra au Sénégal de se rapprocher de son objectif d’atteindre les 30% d’énergie renouvelable dans son mix, et à la Senelec d’alléger sa dépendance aux hydrocarbures.

L’une de ses grandes réalisations reste également la nouvelle ville de Diaminadio, à 60 Km de Dakar, proche de l’aéroport Blaise Diagne, qui promet d’être un pôle économique important. Selon les informations, elle abritera l’industrie pharmaceutique du Sénégal. On y trouve une unité de fabrication de vaccins contre la fièvre jaune. Les premiers vaccins pourraient en sortir d’ici la fin 2024. La ville accueille déjà des centaines d’entreprises et certains ministères.Sur le plan des infrastructures routières, Macky Sall a fait construire le chemin de fer pour le Train express régional (TER), reliant Dakar à la ville de Diaminadio d’abord, et aujourd’hui à l’aéroport international Blaise Diagne, passant par plusieurs banlieues. Il a aussi inauguré le Bus Rapid Transit (BRT) pour désengorger la capitale. A Dakar et surtout à l’intérieur du pays, sous Macky Sall, beaucoup de routes sont sorties de terre, facilitant ainsi l’acheminement et l’échange des biens et services. Le président sortant a continué à inaugurer des infrastructures qui portent sa signature jusqu’aux dernières heures avant son départ du palais de la présidence.

Trois programmes phares ont permis ces réalisations : le PUDC, le PUMA et Promovilles. Le Programme d’urgence de développement communautaire (Pudc), comporte 4 volets : allègement des travaux des femmes, hydraulique rurale, pistes rurales et électrification rurale, a été conçu en 2015 en vue d’éradiquer la pauvreté et les inégalités. Le Puma, lancé en 2016, intervient en zone frontalière et vise l’équité territoriale par la modernisation des axes et territoires frontaliers et l’amélioration des conditions de vie des populations dans ces zones. Le Promovilles, comporte trois volets : Dans les zones rurales les plus reculées, des villages jadis privés d’eau et d’électricité ont eu accès à ces services grâce à ces programmes. Le taux d’électrification rurale au Sénégal est passé de 27 à 58%. Avec Macky Sall. Pour le désenclavement, 6673 kilomètres de pistes rurales ont été réalisées dans les territoires de l’intérieur.

Surendettement ?

En effet, selon la Cour des comptes sénégalaise dans un rapport publié en décembre 2022, des milliards de francs CFA ont été dépensés sans rapport avec la pandémie. A ce jour, aucune poursuite pénale n’a été engagée contre les personnes mises en cause dans ce rapport. Une aubaine pour les adversaires du président Sall qui en ont fait un exemple de l’impunité qui a caractérisé son régime. Ce bilan dont se glorifient le chef de l’Etat lui-même et ses proches est contesté par ses adversaires qui lui reprochent d’endetter le pays au-delà du raisonnable. Entre 2019 et 2022, l’endettement public du Sénégal a considérablement augmenté passant de 64% à 75% du PIB, dépassant ainsi le seuil de l’UEMOA (70%). L’analyse de soutenabilité de la dette du FMI et de la Banque mondiale maintient un risque modéré de surendettement. Le bilan politique de Macky Sall est très contesté. C’est surtout pendant son second mandat que son régime s’est endurci selon des observateurs.

Avec lui, la démocratie sénégalaise a pris un sérieux coup, selon le président du Cercle d’études stratégiques sur l’Afrique de l’Ouest, Nathaniel Olympio. En cause surtout, les condamnations judiciaires de ses adversaires politiques, en premier lieu Ousmane Sonko. Les partisans de ce dernier ont accusé Macky Sall de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle du 24 mars dernier. Il a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse dans une affaire qui l’a opposé à une ex-masseuse. Cette condamnation le 1er juin 2023 a provoqué des manifestations violentes dans le pays avec 23 morts, selon le bilan de Amnesty International.

Cette affaire est qualifiée de manipulation politique par les opposants. Macky Sall a estimé que c’est une affaire judiciaire qui n’a aucune connotation politique. Mais elle a crispé la vie politique du pays pendant deux ans, depuis 2021, avec une succession des émeutes et son lot de pertes économiques pour le pays. Avant Ousmane Sonko, d’autres opposants, concurrents de Macky Sall, ont été mis en prison sous son régime. Il s’agit de Karim Wade accusé de détournement de fonds publics et de Khalifa Sall pour presque le même chef d’accusation. Le premier test du président Macky Sall sur la scène africaine a été sa médiation dans la crise burkinabè en 2015, après l’insurrection qui a conduit au départ forcé du pouvoir de Blaise Compaoré.

 

Redigé par:

Serge Effa

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