La société civile burkinabè s’inquiète de possibles cas d’enrôlements forcés de volontaires de défense pour la patrie (VDP). Depuis la disparition, le 22 mars, de Boukari Ouédraogo, président du mouvement l’appel de Kaya, les organisations de défense des droits humains dénoncent l’arrestation de deux autres membres de la société civile ce week-end du 25-26 mars. Sans nouvelles depuis, elles craignent qu’ils aient été recrutés de force au sein des VDP.
À la mi-mars, lors d’une conférence de presse, Boukari Ouédraogo, président du mouvement l’Appel de Kaya, encourageait le capitaine Ibrahim Traoré à se rendre dans la région du Centre-Nord pour mesurer l’insécurité dans la zone. Moins d’une semaine plus tard, il était arrêté à Kaya en sortant d’un entretien avec le président de la transition, en visite dans la ville. Et selon des témoins, l’ordre a été donné de l’enrôler au sein des VDP.
Une affirmation qu’a semblé confirmer dès le lendemain le chef de l’État lui-même, dans un discours aux forces vives du Centre-Nord. Le capitaine Ibrahim Traoré estimait, sans le citer, que Boukari Ouédraogo faisait le jeu des groupes armés : « Quelqu’un a fait savoir que le lac Dèm est un point névralgique de Kaya. L’ennemi a donc compris cela. Celui qui a fait ça a été interpellé immédiatement par un combattant et nous l’avons engagé immédiatement pour être VDP. »
« Leurs familles n’ont plus de leurs nouvelles »
D’après Daouda Diallo, responsable du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés, deux autres membres de la société civile ont subi le même sort samedi dernier. « Leurs familles n’ont plus de leurs nouvelles depuis qu’ils ont été arrêtés, d’où l’inquiétude qui monte au niveau national et d’où la mobilisation aujourd’hui par tous les mouvements des organisations de la société civile. Parce que les Burkinabè ne peuvent pas vaincre la dictature de Blaise Compaoré pour basculer dans une autre dictature », explique-t-il.
Dans son discours, le capitaine Ibrahim Traoré a affirmé que ceux qui refusent de s’engager « doivent se contenter de manger, dormir et laisser les autres travailler ».