Le Mboa BD festival ouvre ses portes ce mercredi 17 novembre à Yaoundé, au Cameroun, avant de s’installer à Douala. La 12e édition de ce festival, devenu la vitrine de la bande dessinée et des métiers de l’image au Cameroun, aura pour thème le numérique, les nouvelles technologies s’imposant de plus en plus dans la diffusion du 9e art en Afrique.
Si le Mboa BD festival a intitulé sa 12e édition « Numériques ! », c’est qu’internet et les réseaux sociaux sont plébiscités depuis dix ans par les auteurs camerounais de bande dessinée. D’après Yannick Deubou Sikoué, le délégué du festival, 40 à 60% d’entre eux utilisent aujourd’hui ce mode de diffusion. « La plupart des auteurs se sont très vite rendu compte que l’utilisation des réseaux sociaux, que ce soit Instagram, Facebook ou les sites web pour diffuser leurs œuvres étaient beaucoup plus simples, remarque-t-il. Il faut bien comprendre que nous sommes dans un contexte où le réseau de bibliothèques ou de librairies n’est pas suffisamment fort pour pouvoir offrir la possibilité de consommer des BD. Donc face à cela, les choix ont été très rapides. »
Vers un style graphique africain : le Kabinda
Le Mboa BD festival mettra aussi à l’honneur ce qui pourrait devenir un style graphique africain à part entière, aux côtés de la ligne claire franco-belge, du manga japonais et du comics américain : le style « Kabinda ». Des réflexions sont par exemple menées par un groupe d’auteurs pour harmoniser les onomatopées en Afrique. « Un des auteurs du collectif Kabinda, explique Yannick Deubou Sikoué, est Hugues Bertrand Biboum, qui travaille depuis longtemps sur une bande dessinée qui s’appelle « Palaba ». Et la spécificité, c’est vraiment la largeur du trait. Un trait beaucoup plus gras, un trait beaucoup plus dynamique, qui permet, au niveau de l’ambiance générale de la planche, d’avoir beaucoup plus de force et d’impact visuel. »
Là encore, estime le délégué du festival, le numérique servira la diffusion de ce style à travers le continent africain. En permettant aux lecteurs, qu’ils soient ivoiriens ou rwandais, d’avoir accès à la BD camerounaise.