Quarante-neuf des 55 pays africains ont signé l’Accord cadre de Zone de libre-échange continentale (ZLEC) tendant à créer un marché continental unique pour les biens et les services, garantissant la libre circulation des hommes d’affaires et des investissements. Lorsqu’au moins 22 pays l’auront ratifiée, la ZLEC entrera officiellement en vigueur, faisant potentiellement du continent le plus grand bloc commercial du monde.
Pour l’Afrique, une volonté ferme de développer le commerce est une étape importante. Les incertitudes du commerce international accroissent l’importance du commerce régional intra-africain. Ensuite, le reste du monde nous a enseigné qu’un éventuel protectionnisme populiste ne dure pas et que nous le surmonterons. Mais, pour que l’Afrique puisse tirer les leçons de l’expérience de l’Asie de l’Est et de l’Amérique latine en attendant la fin du protectionnisme, l’Afrique doit renforcer ses capacités commerciales productives au moyen de chaînes de valeur régionales. Le commerce de l’Afrique entre les États qui la composent renforce sa capacité à commercer.
L’expérience acquise permettra d’accroître la part de marché à l’échelle internationale. L’Afrique doit renforcer ses capacités et sa transformation structurelle pour devenir un acteur international compétitif. Un continent doté d’une zone de libre-échange est donc un pas important vers le renforcement collectif de la compétitivité ouvrière et des produits africains aussi bien à l’intérieur qu’à l’international. Toutes les études montrent que ce que l’Afrique vend en Afrique a plus de valeur ajoutée que ce que l’Afrique vend au reste du monde, à savoir principalement des matières premières. Cela signifie que le commerce intra-africain crée plus d’emplois dans le pays source que le commerce de l’Afrique avec le reste du monde. D’abord, il est question de créer davantage d’emplois industriels et à valeur ajoutée en Afrique grâce au commerce intra-africain. Ensuite, la compétitivité s’en trouvera renforcée et pourra alors être déployée dans le reste du monde. Enfin, il faut supprimer les distorsions du marché intérieur, qui pèsent sur les consommateurs nationaux en raison d’un trop grand protectionnisme.
L’Afrique fait beaucoup de commerces transfrontaliers. Il y a, par exemple, un grand marché en Afrique de l’Ouest pour le thé et le café d’Afrique de l’Est. Il y a un grand marché en Afrique de l’Est pour les bananes plantains et les produits de la nostalgie de l’Afrique de l’Ouest. Il y a un grand marché pour l’industrie créative, par exemple, le cinéma et la musique du Nigéria, dans le reste de l’Afrique. Les Africains ont un potentiel de commerce intracontinental phénoménal. De surcroît, le commerce n’est pas statique. Aucune loi n’interdit à un pays comme la Tanzanie, par exemple, de vendre plusieurs types de produits. Les pays renforceront toujours leurs capacités et possibilités, et les innovateurs introduiront de nouveaux produits qui seront proposés sur le marché. La diversification suit donc son cours à mesure que le commerce intensifie l’interaction économique.
Il est vrai que les infrastructures extractives sont coloniales et que l’on y trouve une ligne de chemin de fer entre Kasese en Ouganda et le port de l’océan Indien qui transporte le cuivre destiné à l’exportation. L’infrastructure intégrative est une considération critique pour le commerce intra-africain, et je me réjouis que l’on fasse quelque chose à ce sujet. Actuellement, nous avons la route du Cap au Caire, qui a été goudronnée jusqu’à Addis-Abeba. Il y a d’autres initiatives, comme le Corridor Nord, et les Chinois encouragent les investissements pour construire la route de Kampala à l’océan Atlantique. Je reconnais l’importance de la ligne de chemin de fer entre Dar es-Salaam et le Rwanda, entre autres. Ainsi, l’infrastructure intégrative en construction sera prête à relever les défis de demain en matière d’infrastructures.