L’Égypte a interdit la superproduction hollywoodienne Eternals quelques heures seulement avant sa première projection. Le film n’avait pourtant pas été censuré. Les billets avaient déjà été vendus. Mais c’était avant l’offensive des réseaux sociaux.
Une tendance hostile au film s’est emparée de milliers d’internautes égyptiens. Le film comprend des séquences avec des homosexuels, c’est le principal reproche fait au film. Le fait qu’il s’agisse de deux des super-héros était perçu comme une « promotion » de ce que les conservateurs égyptiens considèrent comme « une maladie » et les islamistes « un grand péché ».
L’homosexualité trop visible dans Eternals
Même si l’homosexualité n’est pas formellement interdite par la loi égyptienne, elle est réprimée sous divers prétextes si elle ne reste pas « discrète ». L’autre objection soulevée plutôt par les islamistes est que les héros sont « éternels », ce qui est une qualité de Dieu, auquel d’ailleurs ils semblent s’adresser. La personnification des prophètes et d’Allah a toujours été interdite sur petits et grands écrans arabes.
Le principal argument des défenseurs de ce long métrage est, qu’interdit ou pas, ceux qui veulent voir le film le feront sur Netflix ou toute autre plate-forme. Ceci est vrai même si les abonnés aux plates-formes payantes restent une infime minorité en Égypte. De plus, soulignent les internautes, même si avec ses 500 salles de cinéma l’Égypte reste le champion arabe du VIIe Art, le nombre de spectateurs égyptiens potentiels ne représente pratiquement rien par rapport aux revenus internationaux de Eternals. Il y a enfin ceux qui contestent le principe même de la censure.
Une censure qui pourrait s’exercer sur internet
Pour le moment, ce qui est bloqué en Égypte, ce sont des sites politiques ou d’information jugés hostiles au pouvoir. Tout le reste, ou presque, est libre. Pas de blocage de sites pornographiques, y compris gays. Pas de pare-feu non plus contre les plates-formes diffusant films, séries et documentaires. Rien non plus de sérieux contre la piraterie de musique et de films. Mais cela pourrait changer, car rien n’est éternel !