L’Éthiopie subit de plus en plus la pression des États-Unis en raison de son intransigeance dans la guerre du Tigré. La révélation par CNN de l’utilisation d’Ethiopian Airlines pour transporter des armes au début de la guerre est venue aggraver la situation cette semaine. Une menace commerciale américaine a ainsi motivé le lancement d’une campagne sur les réseaux sociaux par le gouvernement d’Addis Abeba. Sous le hastag « Let Her Work » (Laissez-la travailler) : celle du retrait possible de l’Éthiopie de l’accord de l’AGOA, qui serait désastreux pour son industrie manufacturière.
Un petit film soigné et grave, diffusé jeudi 7 octobre par le bureau du Premier ministre éthiopien, entend prendre la défense de Saron, une jeune fille sage enroulée dans un châle fleuri. Saron est une ouvrière des usines textiles dont l’Éthiopie est si fière. Une parmi 8000 autres jeunes femmes, dit le film, qui risquent de perdre leur emploi si les menaces américaines de retirer l’Éthiopie de l’AGOA devenaient une réalité.
Car c’est un vrai motif d’inquiétude à Addis Abeba. En août, Washington a prévenu que l’Éthiopie pourrait être retirée de la liste des partenaires économiques privilégiés qu’établit l’AGOA. En vertu de cet accord, des taxes d’entrée sont levées sur le textile, le cuir et les fleurs éthiopiennes par exemple, en contrepartie de facilités pour les investisseurs américains. Un appel d’air vital pour l’économie éthiopienne, qui a par exemple exporté pour 245 millions de dollars de biens détaxés vers les États-Unis en 2020, sur les 525 millions exportés en tout.
Washington, qui a déjà pris au printemps des mesures de sanctions individuelles, demande un changement de comportement de l’Éthiopie vis-à-vis de son ennemi tigréen comme des organisations humanitaires. Mais pour l’heure, Addis Abeba refuse toute « ingérence ».