Huit années après la signature de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation, issu du processus d’Alger, force est de constater que sa mise en œuvre piétine. Et pourtant l’idée est née d’intenses et délicats pourparlers entre le Gouvernement d’alors et la Coordination des Mouvements de l’Azawad. La réalité est que depuis l’avènement des militaires au sommet de l’état Malien, et en dépit de l’engagement que les autorités de la transition avaient pris, à savoir le respect de tous les accords signés par l’Etat, celui pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger, connait d’énormes difficultés.
Une division palpable
Depuis plus de deux mois, les choses ne se passent plus comme avant entre le Mali et les mouvements signataires de l’Accord issu du processus d’Alger, principalement la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Cette dernière demande une réunion entre le gouvernement et les groupes signataires dans un pays neutre sur ledit Accord. Le Mali rejette une proposition sur l’Algérie. Résultat des courses les deux protagonistes, à savoir l’Etat malien et les groupes signataires se jettent la responsabilité du blocage, alors que la communauté internationale, garante de cet accord, exige sa mise en œuvre diligente dans un jeu trouble assimilé à une présumée médiation.
Pour rappel en dépit de la guerre larvée, la CMA a ses représentants au sein du CNT et du Gouvernement, mais pour combien de temps encore au regard de la tournure que prennent les événements ? En effet, une délégation de la médiation internationale s’est rendue à Kidal fief de la CMA afin de permettre une présumé relance du dialogue pour la mise en œuvre de l’Accord. Cette mission semble échouée à faire fléchir la CMA qui continue d’ailleurs sa provocation en renonçant à demi-mot à son appartenance à l’Etat malien et en se considérant comme Azawadien. Le prétexte tout trouvé est la non application de l’Accord, le seul document, selon eux, qui les lie au Mali. Un constat qui oblige un questionnement. Faut-il craindre un retour à la case de départ, à savoir la guerre ?
Les prémices d’une Guerre ?
Les dernières actions entre l’Etat malien et les groupes signataires laissent tout le monde perplexe. D’aucuns vont jusqu’à imaginer le pire. La reprise des hostilités entre l’Armée malienne que d’autres estiment bien préparée aujourd’hui et la CMA. Sur les réseaux sociaux à Bamako, certains jeunes ne cachent pas leur soutien à l’armée, pour ces derniers « L’armée de 2012 n’est pas celle de 2023 », clament-t-ils se disant pressés de voir Kidal libéré du joug des ex-rebelles en mettant l’accent sur les armements dont l’Armée malienne s’est dotée. La réalité est tout autre chose, car si la CMA reste campée sur sa position, à savoir l’application intégrale de l’Accord, les autorités maliennes de leur part sont favorables à une relecture qui aboutirait à une application de façon intelligente de cet accord.
Le bras de fer semble déjà engagé, comme en atteste la proposition de la CMA pour la tenue d’une réunion sur la mise en œuvre de l’Accord sur un terrain neutre. C’est par un niet sans équivoque que le Gouvernement malien a répondu à cette proposition de la CMA. Le deuxième fait illustrant ce bras de fer entre l’Etat et la CMA est sans nul doute le refus de la CMA de siéger au sein de la Commission de finalisation de l’avant-projet de la nouvelle constitution.
La CMA, puis que c’est d’elle qu’il s’agit, ne se prive plus du soutien des mouvements terroristes comme le JNIM de Iyad Ag Ghali et d’Amadou Koufa. Selon certaines informations, ces deux personnalités, pourtant recherchées, étaient en conclaves avec les ex-rebelles et se seraient pavanées ces derniers temps à Kidal au su et au vu de tout le monde. Le dernier acte que la CMA vient de poser est la nomination d’un colonel comme chef d’Etat-major et de son adjoint.
Désormais, chaque camp fournit ses armes et compte sur le soutien de ses alliés. Si l’Etat malien pourra compter sur la Russie et certains de ses alliés, la CMA espèrerait sur la France et ses alliés occidentaux. Tout porte à croire qu’en cas de conflit armé entre l’Etat malien et la CMA, le premier aura le soutien de la Russie et la CMA aura celui de la France et ses alliés occidentaux.