Nigéria riche en gaz, compte accélérer une nouvelle construction de gazoduc de 5600 km vers le Maroc, à même d’approvisionner l’Europe.
Le Nigeria, premier producteur de pétrole d’Afrique, a déclaré que les années 2020 seraient la décennie du gaz. Le pays, dont les réserves prouvées de gaz naturel sont estimées à 203 Tcf(Trillion Cubic Feet), espère devenir un fournisseur majeur de l’Europe, à mesure que le continent se détourne du gaz russe. Toutefois, les exportations de GNL vers l’Europe ont chuté de 22,7 % en 2023, selon les données de S&P Global Commodity Insights, en partie à cause de l’insuffisance des projets gaziers en eau profonde et des infrastructures d’exportation.
Jusqu’à récemment, les responsables pensaient que le gazoduc transsaharien, d’une valeur de 13 milliards de dollars, serait la solution. S’étendant sur 4 128 km de Warri, dans le sud du Nigeria, à travers le Niger, jusqu’au centre gazier algérien de Hassi R’Mel, ce gazoduc, dont la création a été envisagée pour la première fois en 2002, transporterait 30 milliards de m3 de gaz par jour, d’après les trois pays.
Toutefois, les relations entre le Nigeria et le Niger sont gelées depuis le coup d’État de juillet 2023, lorsque le président nigérien Mohammed Bazoum a été renversé, ce qui a entraîné des sanctions économiques punitives de la part du bloc régional de la CEDEAO, dont le Nigeria est le chef de file de facto.
Fin janvier, le Niger, le Burkina Faso et le Mali, ont annoncé leur retrait de la CEDEAO, menaçant ainsi 150 milliards de dollars d’échanges régionaux par an. Les analystes ont déclaré à S&P Global que la rupture des relations et le départ potentiel du Niger de la CEDEAO mettraient pratiquement fin au gazoduc transsaharien, dont une grande partie des dépenses d’investissement est destinée au Niger. « Les relations diplomatiques entre le Niger et le gouvernement nigérian sont nulles », a déclaré Uwadiae Osadiaye, analyste chez FBNQuest, basé à Lagos.