La tension monte entre le Niger et le groupe nucléaire français Orano. L’État nigérien vient d’annoncer son intention de porter plainte contre le géant de l’uranium après la découverte alarmante de 400 tonneaux de « carotte radioactive » sur un ancien site d’exploitation dans le département d’Arlit, au nord du pays.
L’annonce a été faite par le ministre de la Justice nigérien, Alio Daouda, qui a dressé un constat accablant des risques sanitaires et environnementaux causés par ces déchets.
Un niveau de toxicité jugé critique
Selon les autorités nigériennes, les mesures de doses effectuées sur les matières abandonnées révèlent une toxicité extrêmement élevée. Le ministre a indiqué que le taux de radiation variait entre 7 et 10 microsieverts par heure, soit un niveau jusqu’à vingt fois supérieur à la dose normale estimée à 0,5 microsievert/heure. Les analyses menées sur les échantillons ont mis en évidence la présence de deux éléments particulièrement dangereux : le Bismuth 207 et le Chrome X. Ces composés sont jugés hautement toxiques et seraient même, selon certaines sources, susceptibles de contaminer une personne se trouvant à moins de dix mètres.
Crimes de masse et mépris des populations
Le ministre nigérien de la Justice n’a pas mâché ses mots, accusant Orano de crimes graves.
« Cette société continue de porter atteinte à la santé des populations nigériennes par la planification de crimes de masse caractérisés par l’emploi de substances radioactives, la mise en danger de la vie d’autrui et des dégradations de l’environnement, » a déclaré Alio Daouda.
Cette affaire s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le Niger et le groupe français, exacerbées par des différends autour de la gestion des sites miniers et des décisions de justice. Le ministre a d’ailleurs reproché à Orano de « refuser d’obtempérer à des décisions de justice » rendues par les tribunaux nigériens, notamment celles qui ordonnaient l’enlèvement ou le traitement de millions de tonnes de déchets radioactifs laissés à l’air libre.
Objectif : Réparation intégrale des préjudices
En engageant des poursuites judiciaires, l’État nigérien cherche à obtenir la réparation de tous les préjudices subis par ses populations, l’environnement et l’économie nationale. Ces préjudices devront être évalués après une analyse approfondie des impacts sanitaires, sociaux et pastoraux.
Cette démarche marque une étape significative dans la volonté du Niger d’affirmer sa souveraineté sur ses ressources et d’exiger une responsabilité environnementale complète de la part des entreprises étrangères ayant exploité son uranium. L’enjeu est de taille : la protection de la santé publique face à un héritage radioactif potentiellement dévastateur.