Après presque deux ans de fermeture des classes pour limiter la propagation du Covid-19, les élèves reprennent le chemin de l’école ce lundi en Ouganda. Selon l’autorité nationale de planification, près de 30% des enfants risquent de ne pas revenir en cours. Parmi les raisons citées, l’augmentation considérable des cas de grossesses précoces dans le pays. Reportage dans le quartier de Mulimira à Kampala.
À 16 ans, Nakate n’est pas revenue à l’école depuis le début de la pandémie de Covid-19, et elle ne retournera pas en classe pour cette rentrée. Tombée enceinte il y a quelques mois, elle se prépare pour l’arrivée de son enfant. « Je vais d’abord élever mon enfant et une fois qu’il sera assez grand, je trouverais un travail, explique la future mère. Je ne peux pas rester sans rien faire, quand le bébé sera arrivé. »
Avant la fermeture des écoles en mars 2020, Nakate rêvait de continuer ses études pour monter un salon de coiffure. Elle n’aurait jamais imaginé abandonner le lycée. « J’étais sur le point de terminer ma quatrième année au lycée, raconte la jeune femme. Si les classes n’avaient pas fermé, je ne serais pas tombé enceinte. Sans l’école, je reste à la maison, sans rien à faire, je me balade dans le quartier. On n’a pas assez à manger, non plus, ça fait partie du problème. »
Dans le quartier populaire de Mulimira, Victoire Tibakunera, agent de la municipalité, essaie d’aider du mieux possible les adolescentes en difficulté. Depuis le début de la pandémie, les grossesses précoces se sont multipliées. « Dans le quartier, on a compté plus de 30 adolescentes enceintes, et il y en a certainement d’autres que nous ne connaissons pas, affirme Victoire Tibakunera. Il n’y en avait pas autant avant. Jusque-là, il y avait un ou deux cas par an, mais depuis le Covid-19, c’est beaucoup trop. »
Plus de 650 000 grossesses précoces ont été enregistrées en Ouganda entre début 2020 et septembre 2021. Selon Moses Ntenga, fondateur d’une association d’aide aux enfants, c’est l’une des nombreuses raisons pour lesquelles beaucoup d’élèves ne retourneront pas à l’école, mais loin d’être la seule. « Des enfants ont également été exploités et agressés, explique-t-il. Beaucoup ont commencé à travailler, à aider leurs parents, par exemple, à vendre des marchandises dans les rues, ce qui leur a fait perdre toute motivation pour les études. Il y a aussi beaucoup de parents qui n’ont plus assez de ressources pour payer les frais scolaires, c’est aussi le problème. »
Au total, la NPA, l’autorité nationale de planification, estime que 1,5 million d’enfants ne reprendront pas le chemin de l’école en Ouganda.