Mieux vaut tard que jamais ! Voilà à quoi se résume le verdict historique du procès de Thomas Sankara. Les condamnations prononcées par le tribunal militaire de Ouagadougou, mercredi 6 avril, sont lourdes : prison à vie pour l’ancien président du Burkina Faso Blaise Compaoré (en exil), mais aussi pour le commandant de sa garde Hyacinthe Kafando(en fuite) et le général Gilbert Diendéré (incarcéré), un des chefs de l’armée. Tous trois ont été condamnés pour attentat à la sûreté de l’État. Ce dernier et Blaise Compaoré ont également été reconnus coupables de complicité d’assassinat de l’icône panafricaine voilà 34 ans.
Un verdict certes lourd mais pas retributaire
Après 35 ans d’incertitude, le procès sur l’assassinat de Thomas Sankara s’est tenu et a connu son épilogue. Un verdict qui met ainsi fin à un procès-fleuve illustré par tant de suspens. Un verdict qui donne à réfléchir à beaucoup de personnes dans un pays où la mort de thomas Sankara a été un sujet tabou pendant les 27 années de règne de Blaise Compaoré chassé du pouvoir après une insurrection populaire en 2014. Justice et vérité ont donc été rendues à la faveur de celui qui voulait décoloniser les mentalités et bouleverser l’ordre mondial en prenant la défense des pauvres et des opprimés.
Si pour certains, la sentence connue fait l’affaire, pour d’autres des questions nécessitent des réponses notamment sur l’exil de l’ancien locataire de Kossyam. Depuis 2014 le septuagénaire vit à Abidjan en Côte d’Ivoire, pays dont il a obtenu la nationalité et où il entretient de longue date une relation privilégiée avec le président Alassane Ouattara. Cet amitié rend illusoire toute éventuelle extradition même après sa condamnation à perpétuité et le rôle que peut et doit jouer les militaires aux affaires dans le pays est également sujet à réflexion. Il y a un mois, le colonel-président Paul Henri Damiba a nommé Yero Boly, un ancien ministre de Blaise Compaoré, au ministère de la Réconciliation.
Ouverture du Chapitre de l’extradition ?
C’est connu de tous, Blaise Compaoré a la nationalité ivoirienne. Un statut qui visiblement est un frein à son extradition. Pourtant, il existe des précédents d’extradition de criminels entre la Burkina Faso et la Côte d’ivoire. La Cédéao possède une Convention d’extradition censée encadrer cette possibilité. Mais il semble que cette procédure se heurte aux amitiés politiques. Que ce soit au Burkina, en Côte d’Ivoire ou dans la sous-région, l’impunité semble être consacrée par certains dirigeants. Résultat des courses, les interrogations vont bon train chez certains observateurs notamment sur la volonté politique que les autorités ivoiriennes auront à extrader Blaise Compaoré pour qu’il puisse purger sa peine.
Les plus avertis estiment que ce qu’il faut retenir, c’est qu’au-delà des auteurs et des acteurs, c’est la justice burkinabè qui sort grandi parce que 35 ans après les faits, elle a su dire le droit et fait espérer aux Africains, que plus rien n’est tabou et que même un coup d’Etat peut être jugé avec pour Cas de figure Thomas Sankara. Arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en 1983, il a été tué avec douze de ses compagnons par un commando lors d’une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR) à Ouagadougou. Il avait 37 ans.