Dans son rapport 2020, la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR) pourrait permettre à la Société d’expansion et de modernisation de la riziculture de Yagoua (Semry), premier producteur de riz du pays, de booster sa production. Elle s’est située à 3304,36 tonnes en 2020 alors que, d’après la CTR, son potentiel de production est 120 000 tonnes par an.
À ce propos, la CTR prescrit l’évaluation du coût des missions de service public Semry pour déterminer le montant de la subvention d’équilibre à verser par l’État à cette société ; l’amélioration des conditions d’exploitation des périmètres des champs afin d’accroître leur productivité ; la mise en place par le gouvernement d’une stratégie de commercialisation du riz local par la mise en place d’un système de péréquation pour le développement de la production nationale de riz et l’organisation du marché du riz.
Par ailleurs, indique la Commission, un accent particulier doit être mis sur les travaux urgents de réhabilitation à réaliser dans les périmètres de Yagoua et de Maga, dans le septentrion du pays. Ceci dans le but de réparer les dégâts causés par les inondations sur les infrastructures de base de la Semry. Dans ce cadre, la digue sur le fleuve Logone mérite une attention spéciale.
Causes de contreperformance
Les prescriptions de la CTR interviennent dans un contexte où les usines de l’entreprise ont transformé seulement 1,84% de la production en 2020, soit 1 349,846 tonnes de paddy et 789,375 tonnes de riz blanchi. Cette contreperformance, selon la Commission, s’explique par les délestages électriques qui réduisent considérablement le temps de fonctionnement de rizeries. En outre, la valeur ajoutée, en forte dégradation, est quasi nulle en 2020 (7 632 684 FCFA) et ne permet pas de couvrir les charges de personnel qui se situent à 912 147 381 FCFA. En conséquence, le résultat net demeure négatif (- 865 780 645 FCFA) en 2020, et chute de 182% par rapport à l’exercice précédent.
« Ce résultat pourrait se justifier par le déficit structurel lié à la politique d’homologation du prix de la redevance à 50% du coût de mise en valeur des parcelles, ce qui ne permet pas la couverture totale des charges d’exploitation évaluées à 6 099 593 802 FCFA en 2020, contre 7 618 367 548 en 2019 », relève la Commission. Elle estime que l’État devrait à ce titre mobiliser une subvention d’équilibre au profit de la Semry, en contrepartie du coût des missions de services publics supporté par celle-ci.
La situation financière de l’entreprise n’est guère reluisante. En effet, la Semry affiche une dette essentiellement constituée de la dette fiscale (3 382 692 309 FCFA), de la dette sociale (350 402 895 FCFA), de la dette fournisseur (2 490 513 926 FCFA) et des autres dettes (524 697 016 FCFA). Ce qui constitue un risque budgétaire pour l’État qui en est l’unique actionnaire, selon la CTR.