Sevré depuis peu des appuis financiers de l’UE, la Banque mondiale, le FMI et la France, la Centrafrique a choisi de se tourner vers le marché domestique des capitaux pour financer son déficit budgétaire. Face aux investisseurs camerounais, le pays brandit l’absence de défaut de paiement comme un critère de confiance mais…
Pour la période 2023-2025, le besoin d’endettement de la République centrafricaine (RCA) est estimé à environ 527 milliards de FCFA, dont 150 milliards pour 2023. Pour convaincre les potentiels investisseurs, le ministre centrafricain chargé des Finances et du Budget, Hervé Ndoba a présidé le 14 septembre 2022 à Douala, une réunion de sensibilisation de ces spécialistes en valeur de trésor (SVT) sur l’intérêt de prendre part au programme de mobilisation des fonds que lance le pays.
Depuis la suspension des aides budgétaires par les partenaires traditionnelles de la République centrafricaine dont l’Union européenne(UE), la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) et la France, la RCA se rabat sur les opérations d’emprunts obligataires en vue de la relance et de la redynamisation de l’économie est en constance augmentations. « La RCA compte désormais renforcer sa présence sur le marché financier intérieur pour le financement de son économie. De ce fait, elle envisage en ligne avec les recommandations de l’assistance technique de juillet 2022 d’Afritac Centre, améliorer la communication avec le marché financier sous régional », a expliqué Hervé Ndoba.
Concernant les instruments financiers, l’on apprend que le pays propose 6,3% de taux d’intérêt sur les Obligations du trésor assimilables (OTA), et 5,4% sur les émissions de Bons du trésor assimilables (BTA). Avec plus de la moitié des valeurs du trésor en circulation dans la Cemac (51,43%), les SVT du Cameroun restent les plus sollicités sur le marché des titres publics. Une raison de plus pour qu’ils soient dans le viseur de la RCA.
Selon la classification des principaux détenteurs des valeurs du Trésor (BTA et OTA) faite par la Banque centrale des 6 pays de la Cemac, Afriland First Bank apparaît en tête de liste avec 8,74% des valeurs en circulation. Il est suivi de Société Générale Cameroun (7,84%), UBA Cameroun (7,10%) et Ecobank Cameroun (5,39%). En attendant les résultats de cette levée de fonds, la situation économique en Centrafrique reste inquiétante. A fin juin 2022, le taux d’endettement a connu une légère hausse de 0,1% passant ainsi de 47,8% en décembre 2021 à 47,9% au 1er semestre 2022.
Estimée à 736,8 milliards de FCFA, la dette publique de la RCA est composée à 72,3% de la dette extérieure et à 27,7% de la dette intérieure. Quant au ratio de solvabilité (service de la dette/ recettes budgétaires), il est passé de 24 à 25% dépassant ainsi la norme communautaire de 20%. Au 31 août 2022, les participations de la République centrafricaine aux émissions des titres publics restent à un niveau faible et sont les moins actives sur le marché des titres publics. Avec un encours des engagements financiers étatiques estimé à 5 042,55 milliards de F au cours de la période susmentionnée, la RCA intervient avec 1,3% du total, soit 64,4 milliards de F.