Le président chinois Xi Jinping a entamé ce lundi une visite d’État en Russie, un voyage «pour la paix» selon Pékin qui cherche à jouer le médiateur dans la guerre menée par Vladimir Poutine en Ukraine. Ce séjour de 3 jours chez le voisin russe important partenaire diplomatique et économique de la Chine, est le premier de M. Xi depuis près de quatre ans.
Se rendre en Russie c’est, pour Xi Jinping, affirmer de façon éclatante son soutien à Vladimir Poutine à un moment critique de la guerre en Ukraine, et quelques jours après l’émission d’un mandat d’arrêt à l’encontre du président russe par la Cour pénale internationale. Par ce geste, le leader chinois rappelle au monde que l’axe sino-russe est solide. La visite de XI Jinping à Moscou confirme que la RPC est un « foul weather friend » de la Russie, autrement dit un allié même par temps de crise : en Eurasie et à l’ONU, sur le plan économique et dans les domaines militaires, le partenariat stratégique sino-russe est réel et prétend porter une vision du monde alternative (et hostile) à celle de l’Occident.
De façon plus concrète, la RPC soutient discrètement l’invasion russe en refusant d’adopter des sanctions, en alimentant le complexe militaro-industriel russe et en proposant récemment un plan de paix russo-ukrainien qui met l’accent sur les garanties de sécurité pour la Russie. Dans une tribune pour un journal chinois publiée dimanche par le Kremlin, Vladimir Poutine salue «la volonté de la Chine de jouer un rôle constructif dans le règlement de la crise» en Ukraine.
Xi Jinping et son homologue russe ont eu un premier tête-à-tête «informel» avant un dîner, puis des discussions suivront demain mardi. C’est ce qu’a indiqué le conseiller diplomatique du Kremlin, Iouri Ouchakov. Les deux dirigeants signeront notamment «une déclaration commune […] sur l’approfondissement des relations de partenariat exhaustif et de relation stratégique entrant dans une nouvelle ère» ainsi qu’un document portant sur la coopération économique bilatérale à l’horizon 2030, a-t-il déclaré.
Le ministère chinois des Affaires étrangères a présenté ce voyage du président chinois comme une «visite pour la paix» qui permettra, selon Pékin, de promouvoir un «véritable multilatéralisme» et «d’améliorer la gouvernance mondiale». Le président russe estime que «les relations russo-chinoises ont atteint le point culminant de leur histoire». «Il n’y a pas de limites, ni de sujets interdits».
Vieil Ami
Alternative à une Europe désormais hostile, la République populaire de Chine (RPC) est, pour la Russie, bien plus qu’un soutien de circonstance. C’est un allié réel dans les enceintes internationales et sur les marchés mondiaux pour contrer l’influence occidentale en général et américaine an particulier. Le soutien de la RPC à la Russie est loin d’être conjoncturel. Les deux pays n’ont cessé de développer leurs échanges et leurs coopérations au cours des deux dernières décennies. Après avoir, en 1994, résolu leurs différends frontaliers issus de la période soviétique, ils ont conclu, dès 2001, un partenariat stratégique bilatéral qui s’est matérialisé sur plusieurs plans.
Les échanges commerciaux ont crû de façon régulière malgré les crises économiques (2008, 2014, 2021). Ils ont même atteint en 2022 le niveau de 190 milliards de dollars, un record, et une augmentation de 30 % par rapport à 2021.Ce partenariat est largement cimenté par la contestation de l’Occident sur la scène internationale. Bien avant l’arrivée de Xi Jiping au pouvoir en 2013 et avant la rupture de la Russie avec l’Occident en 2014, les deux anciens empires remettaient déjà en cause l’action internationale des États-Unis en particulier et des Occidentaux en général.