En prélude à la soirée de célébration de 45 ans de carrière et le 74e anniversaire de l’artiste Sallé John, qui aura lieu le 26 février prochain à la salle de fête de la croix rouge camerounaise, il s‘est tenue une conférence de presse d’avant show le 07 février dernier. cet instant d’échanges entre l’artiste et la presse lui a permis de repenser ses premiers pas dans la musique et faire le bilan d’un parcours plutôt satisfaisant. Il faut indiquer que le patriarche est reconnu aujourd’hui comme l’un des précurseurs du rythme « Ambass-Bay », musique des cotes littorales et ancêtre du Makossa. Le rythme musical « Ambass-Bay » est une danse traditionnelle, un folklore, une chorégraphie, toute l’identité d’un département du Nkam, dans la région du Littoral.
Le 26 février prochain, le Cameroun célèbre les 45 ans de carrière et le 74e anniversaire de l’artiste et patriarche Sallé John. A quoi faudra-t-on s’attendre ?
Il faut s’attendre à revoir ce monsieur qui a joué le rôle de marchand de bonheur pendant des années. Ce monsieur qui, de par sa chanson, la joie est revenue entre les gens d’une même tribu qui ne s’entendaient pas. Ce monsieur qui, de par ses chansons, a fait grandir des enfants bien éduqués. C’est une joie qui encercle mon ombre et l’ombre des camerounais qui m’ont suivi. C’est à moi de leur prouver le 26 février que, j’ai accompli ma mission en leur offrant un spectacle de taille.
Presqu’une moitié d’un siècle dans la musique. Connaissant les difficultés de ce secteur au Cameroun, ne vous est-il pas arrivé d’arrêter à un moment ?
Jamais de la vie. Je savais déjà ce que j’avais traversé depuis mon enfance. Si je m’arrêtais, aujourd’hui je serai peut être devenu un voyou ou autre personne. Eh bien ! Je me disais toujours que même si je chante et que les gens ne m’écoutent pas, je ne dois pas arrêter. Même si on m’appelle chanter sans me payer, je ne dois pas arrêter. Je n’ai jamais évoqué le sentiment d’arrêt dans ma vie.
On a tendance à rapprocher le rythme de l’Ambass-Bay au Makossa. Quelle est la différence entre les deux ?
L’Ambass- bay s’apprend. Il y a la noblesse dans l’ambass- bay. Par contre, avec le Makossa, il y a la vulgarité. Tout le monde peut danser le Makossa, selon son rythme. Alors qu’’avec la danse Ambass-bay, il y a des mouvements et des passes appris par un orateur. S’il n y a pas l’orateur, vous ne pouvez pas danser l’Ambass-bay. C’est lui, l’orateur, qui est là pour vous dire : faites ceci, faites cela. Et c’est là où, on remarque son punch et sa fantaisie.
La pandémie du Covid-19 a éteint beaucoup d’artistes de votre génération, comment avez-vous vécu cette période ?
Ecoutez, moi-même je pensais que j’allais les suivre à un moment. Pas par la peur de la pandémie, mais par la peur de rester seul comme un loup. S’il n’y avait pas mes jeunes frères comme Longué Longué et autres qui venaient me rendre visite de temps en temps pour me réconforter, je crois que je partirais aussi à cause de cette pandémie qui m’a fait perdre mes compagnons musiciens. Mais, ça n’a pas été le cas. Je suis encore là. Que Dieu m’entende.
Autant de rythmes camerounais, mais la jeune génération a tendance à copier plus ailleurs, qu’est ce qui se passe-t-il?
Il faut leur demander cela. Parce que quand ils chantent, vous les appréciez souvent dans ces rythmes-là. On croit que le meilleur vient d’ailleurs. C’est faux. On a nos cultures et nos valeurs. Ce qui se passe aujourd’hui est autre que ce qu’on a vécu. Nous, on vivait notre musique avec le public. Notre public nous encourageait, nous inspirait. C’est le résultat aujourd’hui. Ces jeunes qui ne connaissent pas ma musique doivent faire des efforts, venir me voir quand je me produis quelque part. Ils ne seront pas déçu parce qu’il est très agréable de danser et voir danser l’Ambass-Bay.
Il n’est pas souvent facile pour un parent d’accepter voir son fils faire dans le musque, racontez-nous vos premiers pas dans la musique.
Quand j’ai entrepris la musique, ma mère n’était plus vivante. Mon père vivait encore mais, il m’avait laissé à Douala et était parti au village. Ce qui fait que, je n’avais aucune contrainte des parents. Quand mon père était rentré de Douala, il a constaté que je chantais déjà. A l’époque, il n’y avait qu’un seul micro dans le studio d’enregistrement. Vous nombreux dans une chanson. Quand tu chantes, tu te courbe, l’autre chante sa partie, il se courbe. Ainsi de suite. Et on avait droit qu’à un seul essaye. Ce n’était pas facile d’approcher des artistes comme Manu Dibango, Kotti François etc. c’est Kotti François qui m’a fait entrer pour la première fois dans un studio d’enregistrement. Et c’était également ma première fois de voir un producteur. J’ai écrit une chanson depuis les années 70-80 ; c’est en 2012 que Manu Dibango m’a permis de chanter cela devant un public ultra moderne. Donc, des anecdotes, il y en a beaucoup. J’ai aujourd’hui une pensée profonde pour toutes ces légendes-là.
Auteur de plus de 13 albums. Quelle est la chanson qui vous affectionne le plus parmi vos réalisations ?
Je n’ai pas de morceau choisi dans répertoire de musique. Si je choisis un morceau, l’autre va se fâcher à cause de la jalousie. Il aime l’autre il ne m’aime pas. Alors, on va voir. Et c’est là où mes chances vont commencer à diminuer. Toutes mes chansons ont décrivent l’histoire de ma vie.
40 ans de carrière célébrée aux USA. 45 ans de carrière sera célébrés le 26 février prochain. Qu’est-ce que cela vous fait de vivre ces moments de votre vivant ?
Quel honneur pour moi ! C’est une joie de voir des jeunes qui sont nés après le début de ma carrière s’impliqué pour a réussite de cette année. C’est simplement un symbole qui va rester marquant dans ma carrière tant que je vis. Quand on m’a célébré aux Etats Unis, j’étais content. Je n’oublierai jamais que j’ai fêté 40 ans de carrière aux Usa. Et c’est sera pareil pour ce qui va se passer le 26 février prochain. Les vidéos et photos, mes enfants vont regarder ça après moi. Photo plus légende : Sallé John, le roi de l’Ambass-Bay.