Les sanctions économiques imposées au Mali par la CEDEAO ont de fortes conséquences chez les voisins à l’exemple du Sénégal qui tangue de plus en plus. Au regard des relations économiques étroites que les deux pays entretiennent, le Sénégal paie fort une note salée de l’embargo imposé le 9 janvier dernier au Mali par, la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (Cedeao).
Le port de Dakar par exemple vit, à plus de 50 %, des produits qui doivent aller vers le Mali. La fermeture des frontières a donc eu un impact sur Dakar. Il en est de même pour la Côte d’Ivoire, qui vit du bétail malien.
Le Mali, grand client du Sénégal
En sanctionnant le Mali, la CEDEAO a aussi sanctionné le Sénégal. Soumis à un embargo économique qui limite les échanges commerciaux avec ses partenaires de la Cédéao aux seuls biens de première nécessité, le Mali sans le vouloir est à l’origine d’une situation qui affecte lourdement l’économie du pays, mais également celle de ses plus proches partenaires. Cas échéant le Sénégal, ou tout trafic entre les deux pays est lourdement pénalisé, alors que le Mali est le premier partenaire commercial du Sénégal. Un avis partagé par plusieurs commentateurs de l’économie et de la politique sénégalaise. Ces derniers pointent un fait indiscutable : la place prépondérante du Mali, premier client du pays, dans le commerce extérieur du Sénégal.
À titre d’exemple en 2020, le Mali a accueilli 21 % des exportations de marchandises du Sénégal, soit plus que l’ensemble du continent asiatique (18 %) et dix fois le montant des ventes à destination de la France (2 %), selon les derniers chiffres de l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD). Preuve que l’embargo, pourtant soutenu par le Sénégal et aussi la côte d’ivoire représente une perte importante pour leurs économies d’autant plus qu’ils sont privés également des exportations maliennes, notamment de coton, d’or ou de bétail, qui, contrairement à la viande, n’est pas considéré comme une denrée de première nécessité. De plus, 80% du fret malien passe par Dakar.
Une plaque tournante inévitable
Le Mali est un pays immense, sans frontière maritime, qui dépend en grande partie des importations. Celles-ci transitent par ses cinq frontières et notamment par les deux grands ports de la région que sont Dakar et Abidjan. C’est pourquoi l’application immédiate des sanctions, de la CEDEAO dès le 9 janvier, a eu un fort impact dans le domaine des transports car de nombreuses commandes en cours d’acheminement se sont retrouvées bloquées. Plusieurs centaines de camions circulent quotidiennement sur l’axe Dakar-Bamako, l’une des principales routes d’approvisionnement du Mali.
Si les biens de première nécessité tels que la nourriture, le carburant ou les médicaments, qui représentent près de la moitié des importations, sont toujours autorisés à circuler, de nombreux produits essentiels à l’économie malienne, comme le ciment et le fer, les voitures d’occasion importées depuis l’Europe par les ports, le matériel informatique ou bien les équipements de transport sont eux totalement bloqués depuis plus de trois mois. Une situation qui fait dire aux observateurs avertis que c’est un dialogue qui peut permettre de rétablir les choses dans le bon sens car ces sanctions constituent une impasse pour le Mali comme pour ses voisins qui n’ont aucun intérêt à ce que cette situation perdure : le Mali et ses partenaires doivent tout mettre en œuvre pour trouver une issue rapide à cette crise.