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Sommet Afrique-France: retour sur le débat épique entre Macron et les jeunes Africains.

Le sommet Afrique-France se déroulait vendredi 8 octobre à Montpellier dans le sud de la France. Une 28ème édition sans chefs d’État africains. L’Élysée avait décidé de repenser l’exercice et d’en faire un rendez-vous exclusivement dédié à la jeunesse et à la société civile. Entre 2 000 et 3 000 personnes ont participé à l’évènement et dans une ambiance de show à l’américaine, Emmanuel Macron n’a pas été ménagé par de jeunes africains qui l’ont interpellé de manière très vive lors d’une séance de questions réponses.

Cet échange avec de jeunes Africains, Emmanuel Macron était venu pour ça à Montpellier : faire un exercice de vérité, selon l’Élysée. Et pour ça, il fallait qu’il soit bousculé par ses interlocuteurs.

Dès son arrivée au sommet, le ton a été donné : Emmanuel Macron est quelque peu pris à partie par Koyo Kouoh, la directrice camerounaise du Zeitz museum of contemporary art en Afrique du sud. « Combien d’artistes africains ont été montrés ne serait-ce que ces dix dernières années en France ? », lui lance-t-elle. Ce à quoi le président français lui répond qu’il n’est pas en fonction depuis si longtemps et que différents projets culturels ont été engagés depuis 2017.

Ce n’était là qu’un avant-goût de ce qui allait suivre, car lors de la séance de questions réponses, Emmanuel Macron est bousculé par de jeunes Africains. De jeunes intervenants très à l’aise qui vont fustiger tour à tour le « colonialisme », « l’arrogance » ou le « paternalisme français ».

Autre exemple, l’intervention d’Eldaa Koama du Burkina, qui a comparé la relation entre la France et l’Afrique à une « marmite sale » et qui a demandé au président de la République de la récurer, sinon elle ne mangerait pas dedans.

Une marmite sale : « elle est sale de corruption, elle est sale de reconnaissances légères, elle est sale de non-transparence…»

Une manière de tester la détermination d’Emmanuel Macron à changer les bases de la relation avec l’Afrique. Le président de la République n’a pas esquivé en disant qu’il fallait « laver la marmite, mais qu’il y aurait forcément des traces », autrement dit, on ne peut pas effacer l’Histoire.

Pas de demande de pardon mais une politique de reconnaissance 

Le blogueur sénégalais Cheikh Fall appelle le président français à « demander pardon au continent africain » pour les crimes de la colonisation. Emmanuel Macron, qui apprécie visiblement l’exercice, répond à chacune des interventions. « Je ne crois pas à une politique de pardon mais de reconnaissance, rétorque-t-il. Mais à une politique qui doit mettre en place un processus de mémoire et d’histoire commune ».

Autre prise de parole qui a marqué cette rencontre, celle d’Aliou Bah, jeune Guinéen qui a interpellé le président Macron sur les ambiguïtés de Paris vis-à-vis des troisièmes mandats présidentiels.

Aliou Bah, jeune Guinéen: «Nous nous occupons de nos dictateurs… je suis fier d’avoir mené ce combat parce que ça ramène de l’espoir dans notre jeunesse»

Vous devez refuser de collaborer et de considérer comme des interlocuteurs, des partenaires, des responsables politiques qui utilisent des « tripatouillages constitutionnels pour rester au pouvoir », a conclu le jeune Guinéen.

Sur la Guinée, Emmanuel Macron a répondu -sans jamais prononcer le nom d’Alpha Condé- qu’il a toujours condamné le tripatouillage constitutionnel avant, pendant et après la présidentielle d’il y a un an. Et c’est vrai, on se souvient dans une interview à Jeune Afrique de ses mots très sévères contre son homologue guinéen.

Sur la Côte d’Ivoire, Emmanuel Macron a répliqué que, suite au décès du candidat RHDP Amadou Gon Coulibaly, il y avait eu « une circonstance exceptionnelle », qui avait conduit le président Alassane Ouattara à solliciter un 3emandat, mais que la France souhaitait à présent « un renouvellement de génération ».

Enfin, sur le Tchad, le président français a tenté de justifier la succession actuelle du père par le fils de deux façons. D’abord, il s’est abrité derrière la décision du président de l’Assemblée, Haroun Kabadi, de renoncer à présider la transition. Un argument qui fait beaucoup sourire à Ndjamena. Ensuite, il s’est réfugié derrière le fait que le Tchad est perclus de risque terroriste et que même l’Union africaine est compréhensive. « Transition ne veut pas dire transmission », a-t-il ajouté. Réaction de l’un de ses interlocuteurs après la plénière : « Je n’ai pas été convaincu ».

Le vocabulaire questionné

Il y a eu aussi des débats sur le vocabulaire. Le mot « aide » a été contesté, Emmanuel Macron s’est engagé à parler d’« investissement solidaire ». Certaines choses étaient de l’ordre du symbolique, d’autres très concrètes. Le président français a annoncé durant ces échanges la création d’un fonds d’innovation pour la démocratie. Objectif : soutenir les acteurs du changement, notamment sur les questions de gouvernance et de démocratie.

 « Je ne pense pas qu’un fonds sur la démocratie va changer quelque chose », déclare à RFI Anass Maïga membre de la fédération des organisations de la résistance civile de Gao. Ce fonds pour la démocratie sera doté de 30 millions d’euros, répartis sur trois ans. Mais comme le laisse entendre M. Maïga, il y a des interrogations sur son efficacité, notamment sur le déploiement de ce fonds en cas de coup d’État.

On retient également la création d’une Maison des mondes africains et des diasporas. Autre geste à noter du président, il a annoncé un fonds d’amorçage de 10 millions d’euros pour soutenir les start-up africaines. Une continuité des initiatives déjà engagées depuis 2018.

Ce sommet est donc un pari gagné pour le président français ? Pour certains, c’était un exercice de simple communication, un « non-événement », estime le groupe Balai Citoyen. Pour Macron, il s’agissait d’entamer un dialogue et poser de nouvelles bases.

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