Au Soudan, les autorités soudanaises ont libéré depuis dimanche 115 militants détenus depuis des semaines dans plusieurs prisons de la capitale. Ces manifestants, membres des comités de résistance ou défenseurs des droits de l’homme avaient été arrêtés durant les manifestations pacifiques contre le coup d’État du 25 octobre ou lors de raids nocturnes à leurs domiciles par les forces de sécurité.
Ils étaient détenus sans qu’aucune charge ne soit retenue contre eux et sans qu’aucune procédure légale ne soit respectée selon plusieurs collectifs d’avocats. Le timing de ces libérations interroge, puisqu’elles coïncident avec la visite de l’émissaire de l’ONU pour les droits de l’homme qui a passé 5 jours à Khartoum. Le sénégalais Adama Dieng a rencontré pendant 5 jours plusieurs officiels soudanais ainsi que des acteurs de la société civile. Il dressait jeudi 24 février en conférence de presse un bilan de sa visite.
L’émissaire de l’ONU a estimé que les récentes libérations d’opposants était un signe positif mais pas encore suffisant. Adama Dieng rendra au mois de juin, un rapport sur la répression du mouvement de contestation qui a déjà fait 82 morts en à peine quatre mois.
« J’ai fait part de mes inquiétudes aux autorités quant aux pouvoirs élargis qui ont été octroyés aux forces de sécurité à la faveur de l’état d’urgence, dit-il. Cet état d’urgence a eu un effet néfaste sur les Droits humains, avec des attaques sur les hôpitaux, le harcèlement de journalistes, les arrestations et détentions arbitraires de militants ainsi que des cas de torture. »
Une « opération de camouflage »
Adama Dieng de poursuivre : « J’ai appelé les autorités soudanaises à mettre fin à l’usage de la violence excessive contre les manifestants, à lever l’état d’urgence, à libérer tous les militants toujours en détention, et à mener à bien des enquêtes impartiales sur ces violations des droits humains ».
Suite à ces libérations, les collectifs d’avocats, eux, dénoncent une « opération de camouflage qui vise à faire croire que les geôles du régime sont vides », alors que des dizaines de détenus sont toujours derrière les barreaux. Il y a notamment des figures politiques. La plupart sont issues du Comité de démantèlement du régime d’Omar al-Bachir qui enquêtait avant le coup d’État sur la corruption des élites proches du régime déchu, et aujourd’hui réhabilitées petit à petit par le général Burhane.