Le gouvernement tchadien a fermement rejeté vendredi les allégations portées par une ONG soudanaise devant la Cour pénale internationale (CPI). N’Djaména dénonce une « manœuvre de diversion » de la part du régime de Khartoum et réaffirme sa neutralité dans un conflit dont il se dit la première victime.
Une plainte devant la CPI qualifiée de « grotesque »
Le ton est monté d’un cran entre N’Djaména et Khartoum. Dans un communiqué officiel diffusé ce vendredi 19 décembre, le porte-parole du ministère tchadien des Affaires étrangères, Ibrechimi Adami Mahsmat, a exprimé l’indignation du gouvernement face aux agissements de l’ONG soudanaise Priority Peace Sudan.
Cette organisation, récemment créée, a déposé un supplément d’information auprès du Procureur de la CPI, tentant de démontrer une implication tchadienne aux côtés des Forces de soutien rapide (FSR) du général Daglo, en guerre contre l’armée régulière soudanaise.
« Ces accusations sont grotesques et politiquement motivées », martèle le communiqué. Pour les autorités tchadiennes, cette ONG n’est qu’un instrument du pouvoir soudanais pour « détourner l’attention de ses propres échecs ».
Le Tchad, « victime directe » du conflit
Loin d’être un acteur de la guerre, le Tchad se présente comme le pays le plus impacté par la déstabilisation de son voisin. Le gouvernement a tenu à rappeler des chiffres vertigineux :
1,5 million : C’est le nombre de réfugiés soudanais accueillis sur le sol tchadien depuis le début des hostilités en 2023.
Neutralité stricte : N’Djaména affirme respecter scrupuleusement les principes du droit international et du bon voisinage.
Fardeau humanitaire : Un poids économique et environnemental colossal assumé « avec dignité et solidarité ».
Un consensus politique national
Fait notable, cette riposte diplomatique fait l’unanimité au sein de la classe politique tchadienne. L’Alliance Nationale pour la Démocratie et le Change (ANDC), par la voix de son président Sanoussi Attie Abdallah, a apporté un soutien sans faille au gouvernement.
L’ANDC estime que ces accusations sont « dénuées de tout fondement » et dénonce une mise en cause injustifiée alors que le pays lutte pour préserver sa propre stabilité face aux répercussions sécuritaires à ses frontières.
Analyse : Une guerre de l’information ?
Pour les observateurs de la région, cette offensive juridique est le signe d’une intensification de la guerre de l’image. En pointant du doigt l’usage d’armes chimiques par Khartoum et sa « militarisation » du pays, le Tchad renvoie la responsabilité du chaos à l’État soudanais.
N’Djaména prévient : cette « tentative désespérée » de manipulation du droit international sera mise en échec.