L’équilibre fragile de la région des Grands Lacs est de nouveau mis à l’épreuve suite aux graves accusations portées par le Burundi contre le Rwanda. Gitega affirme que des forces rwandaises auraient « largué des bombes » sur son territoire dans la province de Cibitoke, à la frontière avec la République Démocratique du Congo (RDC).
Un incident frontalier aux conséquences humaines
Selon le ministère burundais des Affaires étrangères, cette « attitude belliqueuse » a entraîné des conséquences directes, blessant deux personnes, dont un enfant de 12 ans. L’incident, localisé à Cibitoke, met en lumière une militarisation de la frontière et une menace directe à la souveraineté du Burundi. L’absence de réaction immédiate de Kigali laisse planer le doute sur la véracité ou la nature de l’événement, mais l’accusation burundaise est d’une gravité exceptionnelle, s’apparentant à un acte d’agression direct entre deux États.
Déni et positionnement du Burundi
Malgré cette accusation, le Burundi a tenu à réaffirmer sa position de non-belligérance dans les conflits régionaux. Gitega indiqué
E qu’il « ne se considère pas comme partie prenante aux conflits en cours » et demeure « profondément attaché à la promotion de la paix et de la sécurité dans la région ». Ce positionnement vise à la fois à isoler l’agression présumée du Rwanda des autres dynamiques régionales, et à s’afficher comme une force modératrice, même en situation de provocation.
Le contexte régional du conflit du M23
L’incident survient dans un contexte de forte tension liée à la progression du groupe armé M23 en RDC, notamment vers la ville d’Uvira, à proximité immédiate de la frontière burundaise le 8 décembre.
pour rappel, le Rwanda de son côté nie son soutien au M23, mais de nombreux rapports et acteurs régionaux l’accusent d’appuyer militairement ce groupe rebelle. Aussi, la proximité géographique de l’attaque présumée (par son soutien présumé au M23), suggère que les hostilités liées au conflit congolais, dans lequel le Rwanda est un acteur majeur (par son soutien présumé au M23), pourraient déborder sur le territoire burundais. La frontière RDC-Burundi devient ainsi une nouvelle zone de tension potentiellement déstabilisatrice.
Perspectives
L’absence de réaction de Kigali maintient un flou dangereux sur les événements. Si ces bombardements sont confirmés, cela représenterait un défi majeur pour la diplomatie régionale et les efforts de paix. La position du Burundi, se disant non-impliqué dans les conflits, pourrait être compromise si de telles agressions se répètent, le poussant potentiellement à réévaluer sa posture militaire et diplomatique. La communauté internationale est appelée à surveiller de près cette escalade qui menace d’ouvrir un nouveau front dans l’instabilité chronique de l’Est de la RDC et des Grands Lacs.