6 septembre 2025, 8:20 pm

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Transition au Tchad : les enjeux du remaniement ministériel

Mahamat Idriss Déby Itno, Président du conseil militaire de transition et par ailleurs chef de l’État, a procédé au tout premier remaniement ministériel du gouvernement de transition, neuf mois après la mise en place dudit processus politique.

Le 25 février dernier, treize des quarante ministres et secrétaires d’État se sont vus réattribués des postes stratégiques à l’exemple du pétrole, de l’économie, de l’éducation et de la sécurité. Dans sa configuration actuelle, le gouvernement compte 26 portefeuilles ministériels et sept secrétariats d’Etat et un secrétariat général adjoint du gouvernement. Ce remaniement intervient à deux mois des assises nationales prévues pour le 10 mai prochain et du pré-dialogue avec des groupes politico-militaires qui devait démarrer le lundi 28 février au Qatar mais finalement repoussé au 10 mars pour des raisons logistiques et administratives.

La face cachée du remaniement ministériel

Depuis sa prise de pouvoir en avril 2021, Mahamat Idriss Déby Itno a multiplié les gestes à l’égard des groupes d’opposition armés sans pour autant écarter l’option militaire. Il a notamment promis la tenue d’un dialogue national inclusif soutenant la thèse selon laquelle, le dialogue est indispensable pour désamorcer les tensions, relancer le débat sociopolitique et garantir des échéances futures plus fiables. Une vision partagée par la majorité des Tchadiens qui aspirent à un Tchad rénové sur tous les plans. D’aucun y sont allés  plus loin en fixant comme objectif principal de ce dialogue la  réconciliation des Tchadiens  et la tenues des élections présidentielles et législatives.

des observateurs avertis estiment d’ailleurs que les enjeux ultimes du dialogue à venir sont entre autres ,un nouvel État, une nouvelle République, des nouvelles institutions et des nouvelles lois, parce que persuadés de ce qu’un   dialogue réellement inclusif engagera le pays dans une nouvelle dynamique qui permettra le développement du pays. D’autres par contre continuent d’y voir une stratégie visant notamment à rassurer les bailleurs dans un contexte de tensions politiques et de crise économique. Faut-il le rappeler, décomposés en deux volets, les préparatifs du dialogue s’adressent d’une part à la société civile et à la classe politique, et d’autre part aux groupes rebelles appelés communément au Tchad « politico-militaires ».

Le plus célèbre d’entre eux est certainement le Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT) dirigé par Mahamat Mahdi Ali, dont l’offensive en avril dernier fut à l’origine du décès du Maréchal Idriss Déby Itno, non loin de la ville de Mao. Le FACT fait partie d’une myriade de groupes rebelles plus ou moins rivaux qui, suite à l’apaisement diplomatique tchado-soudanais en 2010, ont déplacé leurs bases arrières du Darfour vers le sud Soudan.

Un autre groupe armé, le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), né d’une division interne au FACT, et le Front de la nation et la démocratie et la justice au Tchad (FNDJT), qui regroupe des ex-leaders du Mouvement pour la démocratie et la justice au Tchad (MDJT) de Youssouf Togoïmi, ainsi que des dissidents du CCMSR et du FACT.

Dialogue historique entre État et Rébellion ?

Faire appel, à la rébellion autour de la table à palabre sous l’égide d’un Comité technique spécial en charge des modalités de leur participation, reste un événement majeur. Au grand jamais les groupes rebelles n’avaient été conviés aux précédents forums nationaux sous l’ère Déby père. De plus, la condition posée par les groupes politico-militaires à leur participation, à savoir  l’amnistie générale décrétée en novembre de 39 opposants politiques et de 257 anciens rebelles à l’exception des prisonniers du FACT, dont la situation n’est pas claire, renforce l’idée d’une volonté d’apaisement.

Un autre indice prometteur, les membres du comité technique nommés par décret, sont pour la plupart d’importants hauts gradés militaires et sont connus pour avoir été des fidèles d’Idriss Déby Itno. Dans la foulée de son cahier de charge, le comité technique a rencontré au préalable les principaux représentants politico-militaires à Paris, au Caire et à Doha en novembre 2021, et une seconde rencontre devait se tenir le 28 février au Qatar en vue de finaliser les préparatifs au dialogue. Elle a été reportée pour le 10 Mars prochain. Ce ballet de rencontres et d’engagements n’écarte pas pour autant l’option militaire.

Le rapatriement de 600 soldats qui se trouvaient dans la zone des trois frontières (Mali, Burkina Faso, Niger), soit la moitié du contingent tchadien engagé dans la force conjointe du G5-Sahel, l’achat de 60 véhicules blindés laissent penser à une remilitarisation du régime en vue de futures offensives. Au-delà du coût du dialogue, c’est tout un système de relations clientélistes dont le fils Déby hérite et qu’il doit entretenir par un savant mélange de rétributions matérielles et de nominations à des postes politiques ou administratifs.

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