La situation dans les deux pays qui ont vu l’émergence de la fièvre, cousine d’Ebola, depuis février est scrutée de près par l’agence onusienne et les autorités nationales.
Ce ne sont pour l’instant que deux petits foyers, mais ils sont scrutés de près. En Guinée équatoriale comme en Tanzanie, 9 et 8 cas de fièvres à virus Marburg (MARV) ont été officiellement déclarés depuis février et font l’objet d’une surveillance de tous les instants de la part des autorités sanitaires nationales et de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Outre le pouvoir destructeur d’un virus à fièvre hémorragique, cousin d’Ebola, l’émergence de potentielles flambées épidémiques constituent un premier test en conditions réelles .
Terrain
Car les recherches sur la maladie, bien que commencées dès sa découverte en 1967, n’ont pas encore débouché sur l’homologation d’un sérum ni même sur un traitement curatif spécifique. A l’heure actuelle, 28 candidats vaccins sont dans le « pipeline », précisent les membres du MARVAC dans une publication récente de la revue PLOS Pathogens, exploitant toutes « les approches possibles : vaccins multidoses, à dose unique, à action rapide, à vecteur viral vivant atténué, non réplicatif et réplicatif ». Mais aucun de ces produits n’en est au stade du développement industriel et seuls quelques candidats ont passé avec succès les essais de stade 1 testant leur innocuité. L’OMS a précisé lors de son point de presse du 29 mars que le MARVAC tenait à disposition des gouvernements du continent des doses pour des évaluations cliniques de terrain.
« La Guinée équatoriale et la Tanzanie, a expliqué l’OMS, envisagent actuellement d’introduire ces phases de recherche dans leur riposte et nous nous préparons à soutenir les autorités nationales pour faciliter le processus si nécessaire. »
L’agence onusienne, qui sait que le sujet de la vaccination et des essais cliniques est sensible sur le continent, particulièrement après la pandémie de Covid où une véritable défiance s’était exprimée, a tenu à préciser que ces activités « s’inscrivent dans une approche collaborative qui place les ministères de la santé et les chercheurs nationaux au cœur de tous les efforts de recherche ». Son patron,TedrosAdhanomGhebreyesus, a même tenu à rappeler fin mars qu’« aucun pays ne cédera sa souveraineté à l’OMS », dénonçant les nombreuses « fake news qui circulent sur les réseaux sociaux, mais aussi dans les médias traditionnels » au sujet de l’accord en cours d’élaboration pour améliorer la capacité de riposte des Etats aux épidémies futures.
Or pour réaliser les essais cliniques de phase 3, qui évaluent l’efficacité des vaccins indispensable à leur homologation avant mise sur le marché, il est nécessaire de recruter des patients volontaires infectés par le virus ciblé. « Nous travaillons actuellement sur un vaccin contre la fièvre de Lassa, illustre Sylvain Baize, dont les résultats de phase 1 qui viennent d’être publiés sont prometteurs. Pour un essai de phase 3 en dehors d’une poussée.
Défiance sur le continent
En l’absence d’une épidémie d’envergure,un essai clinique de cette taille serait donc très long, très coûteux et même « infaisable », insiste M. Blaize. Or les fièvres hémorragiques ne sont pas des priorités pour les fabricants. « C’est un vrai problème quand il s’agit de passer à l’échelle de production industrielle », souligne-t-il, saluant l’intérêt de consortiums tels que le MARVAC. « La fièvre de Lassa fait aussi l’objet d’efforts pour le développement accéléré de vaccins grâce au soutien de la Coalition for EpidemicPreparedness and Innovations (CEPI). C’est aussi quelque chose que nous devons à l’expérience Ebola. Proposer des protocoles d’évaluation standardisés permet de comparer efficacement les produits en développement et ce sont vraiment les avis d’experts indépendants qui guident le choix du ou des produits dont le développement est soutenu en priorité. »