L’action diplomatique française est aujourd’hui profondément décrédibilisée, et ses actions au Sahel en général et au Mali en particulier sont désormais perçues comme manquant de sincérité et de cohérence , car le déni de responsabilité des dommages causés aux civils lors d’opérations militaires françaises a été un autre facteur d’incompréhension et de rejet.
Pour répondre à une crise comme le vit le Sahel, il est crucial de bien comprendre les causes qui sont à la base de cette situation. Et au Sahel, ces racines sont complexes. Les conflits sahéliens sont étroitement liés à des problématiques politiques, sociales et économiques. 40% de la population vit sous le seuil de pauvreté et le niveau de développement de la région est l’un des plus bas du monde. Près de 2,5 millions d’enfants en âge d’être scolarisés ne le sont pas. La moitié de la population n’a pas accès à une eau potable. Dans la région, les inégalités sont marquées : Au Mali, à peine entre 2 et 3% des enfants de pasteurs nomades sont scolarisés.
Au Burkina Faso, au Mali ou encore au Sénégal, les femmes représentent 40% de la main d’œuvre agricole mais détiennent seulement 10% des terres cultivables. Ces inégalités sont devenues le terreau fertile des conflits et des tensions qui secouent le Sahel, alimentant un fort sentiment d’injustice et une défiance profonde des populations envers leurs autorités. A cela s’ajoute une gouvernance manquant de transparence, de redevabilité et peu inclusive. Notamment à l’égard des femmes et d’une jeunesse qui est pourtant largement majoritaire.
Plus de la moitié de la population sahélienne a moins de 30 ans. un constat est clair , les sociétés sahéliennes font face à un contrat social brisé qui rend difficile une résolution des crises actuelles. Face à ce tableau, il serait illusoire de croire que des armées seules seront en mesure de résoudre des problèmes qui sont profonds. D’autant plus une armée étrangère et de l’ancienne puissance coloniale comme la France.