Le Nigeria et ses plus de deux cents millions d’habitants sont en route vers la présidentielle et les législatives prévues le 23 février, mais avant cela, voilà une autre date butoir : au 31 janvier, soit mardi prochain, officiellement, seule la nouvelle version des billets de 200, 500 et 1 000 nairas sera valable.
En principe dans cinq jours, les billets nigérians « anciens modèles » deviennent du papier sans valeur. La mesure, destinée à réduire l’argent liquide en circulation est censée encourager les nigérians à ouvrir des comptes en banque et à utiliser les paiements mobiles. Pour plus de traçabilité, moins de corruption aussi pour empêcher les camps politiques d’amasser des caisses de campagne avant le scrutin du 23 février.
« Les nouveaux billets manquent »
Mais les nouveaux billets ne sont injectés dans l’économie que depuis décembre 2022. Pour Ikémésit Effiong, directeur de recherche au sein du cabinet de conseil SBM Intelligence à Lagos, « les nouveaux billets manquent. Personnellement, je n’en ai vus que trois fois. Les banques n’ont pas été assez approvisionnées. Deux mois, c’est trop court. Résultat, en théorie, il est possible qu’au 1er février, le Nigeria vive une mini crise de la monnaie, créée artificiellement par les dirigeants qui refusent la réalité sur le terrain. »
Avant-hier, à Abuja, la Chambre des représentants et le Sénat ont adopté deux résolutions pour demander à la Banque centrale six mois de plus pour faire la transition et laisser les anciens nairas en circulation jusqu’au 31 juillet. Sans compter toutes les zones, où en raison de l’insécurité, les habitants ont difficilement accès à un comptoir pour changer leurs billets.
Les consommateurs continueront à utiliser les anciens nairas
Pour l’instant, la Banque Centrale refuse tout glissement. Mais selon Ikemesit Effiong, les Nigérians sont habitués aux échéances repoussées à la dernière minute. Et sinon, le principe de réalité l’emportera. Puisque de nombreux commerçants continueront à accepter les anciens billets pour survivre, les consommateurs continueront à les utiliser.