Après avoir rejeté la semaine dernière les accusations de violations des droits de l’Homme par son armée dans la région éthiopienne du Tigré, les qualifiant de « chimère » et de « désinformation », le président érythréen Issaias Afeworki, donne sa vision sur le conflit du Tigré.
Pas d’émotion, surtout. Dans son bureau d’Asmara, le président érythréen Issaias Afeworki a tenu a s’exprimer sur la situation conflictuelle qui se vit au Tigré. L’ancien maquisard a toujours veillé à tenir ses sentiments en laisse. C’est ainsi que pour la première fois dimanche, il a donné sa vision de l’accord de paix de Pretoria, qui a mis fin en novembre à la guerre du Tigré. Une paix « imposée » aux Tigréens par « leurs donneurs d’ordres » étrangers, selon lui. Pour lui, tout aurait été prémédité par les États-Unis pour mettre fin à une période « d’espoir et d’optimisme » après la réconciliation entre l’Éthiopie et l’Érythrée en 2018. Et l’accord de paix de Pretoria, qu’il a salué, ne serait qu’une manœuvre désespérée.
Selon le président Erythréen « À Pretoria, on leur a donné un papier à signer… mais Tout avait été fabriqué par la clique de Washington. Obasanjo, Kenyatta, l’Union africaine, c’étaient des couvertures. le document avait été préparé par la clique de Washington, qui leur a demandé de signer et ils ont signé ». Il a insisté en martelant que C’est le « mauvais calcul de Washington » qui en 2020, leur aurait inspiré suffisamment confiance pour démarrer la guerre. Et la paix leur aurait ensuite évité « une défaite militaire totale ».
Il a évoqué des « centaines de milliers de morts » tigréens et des dégâts « jamais vus dans le monde » causés par la guerre. Mais il les a entièrement attribués à son ennemi historique, le TPLF, le parti dirigeant le Tigré. Ces accusations ont été aussitôt sèchement rejetées par l’ancien secrétaire d’État adjoint américain Tibor Nagy, aux affaires au démarrage de la guerre. « Depuis le début, a-t-il répondu, la position américaine a été d’essayer de mettre fin à la violence le plus rapidement possible. Point final ». Les troupes érythréennes ont soutenu les forces gouvernementales éthiopiennes dans leur offensive lancée en novembre 2020 contre celles des autorités rebelles de la région du Tigré issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), ennemi juré du régime d’Asmara.
Les Etats-Unis et des organisations de défense des droits humains les ont accusées d’avoir commis des atrocités durant le conflit, notamment le massacre de centaines de civils. Désormais, la capacité de nuisance du TPLF est abolie, s’est-il réjouit. Et les allégations de crimes commis par les troupes érythréennes sont, selon lui, « des manigances de Washington pour entraver la mise en œuvre de l’accord » et « gagner du temps ».