Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres fait pression sur le Gouvernement de transition Malien afin « d’accélérer » le rythme pour rendre le pouvoir à des civils élus début 2024 comme il s’y est engagé, dans un rapport destiné au Conseil de sécurité. Guterres exprime sa préoccupation devant « l’impasse » ou la « paralysie persistante » où se trouve l’application de l’accord de 2015 dit d’Alger. La mise en œuvre de cet accord entre les groupes armés du nord et l’Etat est jugé primordiale pour la stabilisation du pays.
Dans un rapport rendu publique à quelques jours d’une réunion du Conseil, qui se tiendra à huis clos sur le Sahara occidental sous la présidence de la Russie le 19 avril, M. Guterres s’inquiète de la persistance des violences et de leur impact sur les populations, et de « l’impasse » dans laquelle se trouve un important accord de paix entre l’Etat malien et des groupes armés du nord. Dans son rapport trimestriel, M. Guterres relève les « progrès » accomplis sur cette voie, comme la rédaction d’un projet de Constitution et la création d’une autorité de gestion des élections.
Mais, ajoute-t-il, « du retard a été pris dans l’exécution de certaines activités essentielles ». « À moins d’un an de la fin prévue de la transition, il incombe aux autorités maliennes de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour accélérer ce processus de sorte que l’ordre constitutionnel soit rétabli dans les délais convenus ».
Il semble oublier qu’une mission de stabilisation de l’ONU, la Minusma, est déployée au Mali depuis 2013, avec environ 13.800 soldats et policiers à ce jour, une présence qui n’a porté aucun bon fruit. Le Mali a été le théâtre d’un seul véritable putsch depuis 2020 et est dirigé par des militaires adoubés par le peuple. Sous la pression internationale, le gouvernement de transition s’est engagé à céder la place d’ici à mars 2024. La réponse à ce rapport ne s’est pas faite attendre.
Dans un mémorandum publié sur les réseaux sociaux, le gouvernement malien assure que « la mise en œuvre diligente du chronogramme de la transition demeure une priorité des autorités maliennes ». Il assure aussi rester « engagé et disponible pour la mise en œuvre diligente » de l’accord d’Alger. Il remet en question le fondement des mises en cause de M. Guterres, selon lequel les forces maliennes ont commis des abus contre des civils lors d’opérations auxquelles a pris part « du personnel de sécurité étranger ».
Le gouvernement revendique une « amélioration de la situation sécuritaire » et « la neutralisation de centaines de terroristes » au cours de ces trois mois. M. Guterres parle lui de conditions de sécurité toujours « précaires ». Il relève les restrictions imposées par les autorités maliennes aux déplacements aériens ou terrestres de la Minusma, une critique également rejetée par le gouvernement.