Pourquoi ? Le continent africain compte aujourd’hui une classe moyenne de 350 millions de personnes et comptera la première population active au monde d’ici à 2035. Plus encore, l’accès à l’éducation est en augmentation constante. L’accès à l’école primaire s’élève à présent à près de 80 %, contre 55 % au début des années 1990, et le continent compte aujourd’hui plus de 1 200 universités. Aussi, le développement des infrastructures s’accélère : on compte plus de téléphones mobiles en Afrique qu’aux États-Unis et en Europe réunis.
Autre force : les ressources naturelles, qui sont parmi les plus importantes au monde. Le continent abrite 50 % des réserves mondiales du cobalt, 40% des réserves d’or ou 12% de celles du pétrole, avec de nouvelles exploitations potentiellement significatives au Sénégal, en Côte d’Ivoire et au Ghana. Les exemples sont nombreux. La Guinée est ainsi le deuxième producteur mondial de bauxite, matière première clé permettant la production d’aluminium, et la RDC et la Zambie sont les cinquième et septième producteurs mondiaux de cuivre. Du fait de leurs ressources minières, plusieurs pays africains occupent une place stratégique pour les États et les entreprises du monde entier.
La crise sanitaire et la guerre en Ukraine ont révélé les risques inhérents à une concentration excessive dans la chaîne de production mondiale, et a remis au goût du jour les souverainetés industrielle, sanitaire, alimentaire, énergétique. Les puissances internationales et régionales investissent ou réinvestissent le continent. Les pays africains peuvent saisir les opportunités et développer leur tissu industriel, afin de s’intégrer dans la chaîne de valeur mondiale. Ainsi, le secteur automobile se développe de Tanger à Nairobi ; l’industrie spatiale continue sa mue du Caire à Lagos ; l’industrie financière se renforce d’Abidjan à Kigali ; les villes nouvelles se créent et deviennent le visage de ces mutations, du Caire aux faubourgs de Dakar.
Ces pays locomotives impulseront la croissance de demain, les nations émergentes se transformeront en nations leader, les petites entreprises deviendront grandes, les entreprises panafricaines achèveront leurs mutations pour se constituer en véritable groupes internationaux. Ainsi, Ethiopian Airlines, MTN, Ecobank, OCP, Dangote, Shoprite, pour ne citer qu’elles, ont annoncé 72 milliards de dollars d’investissement sur la prochaine décennie. Au niveau du capital investissement, les fonds de private equity (capital-risque) se développent et ont levé plus de 18 milliards de dollars entre 2015 et 2020. De même, le bras privé de la Banque mondiale, la Société financière internationale (IFC), prévoit d’investir 9,4 milliards de dollars en 2022.
Le monde va davantage s’africaniser et l’Afrique continuer à s’internationaliser. Les entreprises africaines et étrangères, ainsi que les grandes institutions internationales, doivent se préparer à ces bouleversements. Elles le feront en innovant, en identifiant et valorisant les talents. En un mot, en mettant le capital humain au cœur de leurs priorités et décisions. S’il est donc un investissement à promouvoir en urgence pour garantir la pérennité des acquis, c’est celui relatif à la ressource humaine qui reste et demeure la meilleure en entreprise. L’Afrique a besoin de ses fils mieux formés et plus compétitifs dans tous les domaines.