Depuis quelques années déjà, on assiste à une sorte de montée en puissance du sentiment anti-français au sein de certains pays africains. C’est le cas au Niger où on dénombre déjà, quatre manifestations en l’intervalle d’une semaine mais avec à chaque fois, un dénominateur commun « Abah la France ». Une situation qui tire ses origines dans la politique française en Afrique marquée, par de nombreux accueils.
Depuis le déclenchement des évènements ayant suivi le renversement au pouvoir du président Nigérien Mohamed Bazoum, les manifestations anti français abondent les rues de Niamey. On en dénombre au moins 4 par semaine soit une manif tous les deux jours. La dernière en date et l’une des plus importantes restera celle de ce 3 Août jour d’indépendance du pays. Initialement organisée pour s’opposer aux sanctions décidées par la CEDEAO, le rassemblement s’est très vite muté aux slogans « Abba la France ».
D’abord sur les causes proches, on se souvient que de passage au Niger il y’a moins d’un an, un contingent français avait été houspillé par les populations. Situation basculée en échauffourées entre les deux parties et suivie des tirs ayant causé de nombreux morts. Des pertes en vie humaine attribuées à l’armée française selon une certaine opinion. Une enquête sera ouverte mais très vite étouffée par les autorités qui disaient privilégier la voie diplomatique au détriment de la justice inspirée par les faits.
Seulement, s’il est vrai que toutes les lumières sont désormais tournées vers le Niger il n’en demeure pas moins que ce pays reste juste la face visible de l’iceberg. Car d’autres causes résident en grande partie dans la politique française en Afrique. Si on prend comme baromètre ces deux dernières décennies, on se rend compte que les plaies laissées par la politique française en Afrique sont encore béantes.
Au plan symbolique, évoquons la question post coloniale sous l’ère Chirac où ce dernier tente de montrer les bienfaits de la colonisation. De l’autre côté, aucun africain n’a oublié le fameux discours de Dakar dans lequel le président Sarkozy déclara et je cite « l’Afrique n’est pas entrée dans l’histoire ». Une histoire que ce dernier tentera peut-être d’écrire à la place des africains mais de la pire des manières.
En 2011, le même président français est à l’origine d’une intervention militaire en Côte d’Ivoire dans un conflit ivoiro ivoirien alors que même l’UA en ce moment émet des réserves. Quelques mois après, on verra la France cette fois du côté de la Lybie pour l’assassinat sauvage et lâche du colonel Mouammar Kadhafi frôlant aux pieds, toutes les règles élémentaires et diplomatiques et de respect de souveraineté des États.
Tout en Écartant au passage, l’institution continentale et toute initiative émanant des pays africains. Adoubé par le silence à la fois complice et coupable de la Communauté dite « internationale », Paris se croit jusque-là tout permis puisque visiblement intouchable en Afrique. Dans cette arrogance assumée devenue la norme, la France ne s’encombre pas de la cassure profonde que venait de causer cette ultime forfaiture.
Et pourtant le décalage au niveau de l’opinion publique était déjà perceptible. Avec d’un côté ceux qui saluaient la chute du guide Lybien et de l’autre, des africains meurtris par la perte d’une des plus grandes figures Panafricanistes de la période post coloniale.
Il se dégage donc au regard de la moyenne d’âge de la majorité de ses manifestants que beaucoup, ont forgé leur culture politique dans le sentiment anti-français. Mais, à qui la faute ? En tout cas plus rien ne sera comme avant.