Pourtant favorable à une intervention militaire de la CEDEAO (communauté économique des états de l’Afrique de l’ouest) au Niger le mois d’août dernier, le président ivoirien Alassane Ouattara a fait volte-face suite à la mise en garde de la hiérarchie militaire sur les conséquences que pourrait provoquer une telle opération a-t-on appris d’un rapport de Jeune Afrique.
L’option militaire de la CEDEAO au Niger à la base déjà incertaine et risquée est désormais hors- jeu. Les quelques 700 à 800 militaires ivoiriens qui devaient prendre part à l’opération ont été démobilisés début novembre. Déloger les militaires du pouvoir et restaurer le président déchu Mohamed Bazoum, tel était l’objectif de l’offensive militaire de la CEDEAO contre le Niger. Et le président Ouattara, au mois d’août y était encore favorable. Ce qui a justifié la mobilisation de plus de 700 militaires.
Sauf que la mise en garde des conseillers du président ivoirien en l’occurrence la hiérarchie militaire quant aux conséquences liées à une telle offensive, selon un rapport de Jeune Afrique, a amené le chef de l’état Alassane Ouattara à changer d’avis. Décision concrétisée par la démobilisation dès début novembre des militaires devant participer à l’opération.
Restaurer militairement Mohamed Bazoum qui est retenu en otage au sein de la résidence présidentielle après son renversement du pouvoir le 26 juillet par le général Tchiani n’est désormais plus d’actualité. C’est qu’au départ déjà, l’incertitude et les risques encourus suite à une offensive militaire au Niger étaient évidents. La CEDEAO devant activer sa force en attente pour cette opération militaire considérée par les experts comme à haut risque et difficile. Une force en attente qui fondamentalement n’est pas faite pour rétablir l’ordre constitutionnel dans un pays où il y’a eu un coup d’état.
De plus, sa mise en œuvre dépend de la volonté des états membres. Ce qui implique des négociations entre les pays qui sont en général très jaloux de leur souveraineté et principalement en matière de sécurité et de défense. Du coup, ils n’ont pas été nombreux les pays ouest-africains disposés à envoyer leurs troupes au Niger. Encore qu’il faut gérer les oppositions en interne.
Alassane Ouattara a certainement écouté la voix de la raison en souscrivant à la mise en garde de la hiérarchie militaire ; tellement cette opération était risquée du point de vue déjà de l’équilibre des forces visiblement à l’avantage de Niamey dont les effectifs de l’armée sont estimés à environ 30 000 hommes dont 11000 déployés sur le théâtre d’ opérations pour une opération de cette envergure qui demande au moins la mobilisation de 3000 à 4000 soldats. Aussi, le Niger a le soutien du Mali et du Burkina Faso qui ont mis en garde la CEDEAO contre toute intervention militaire.
Le gouvernement malien qui s’appuie notamment sur l’organisation paramilitaire russe Wagner marquant une prise de distance par rapport à la France et les États-Unis qui soutenaient le gouvernement précédent. Cependant, les américains ont fini par dénoncer le coup d’état mais n’entendent pas quitter le pays.Ils acceptent devoir composer avec les militaires qui ont pris le pouvoir. Enjeu majeur pour les États-Unis et la France qui avaient fait du Niger un point de leur dispositif dans la lutte contre le djihadisme armé. L’union africaine avait quant à elle rejeté toute éventualité d’une intervention militaire et même le président Tinubu actuellement à la tête de la CEDEAO a estimé que la diplomatie est la meilleure voie. Des conséquences toutes fois imprévisibles avec les 7000 hommes de la garde présidentielle nigérienne, fer de lance du coup d’état qui constituent le noyau dur d’une potentielle résistance dans une région déjà marquée par des tensions qui mettent en difficulté la stabilité. Un énorme préjudice pour les populations. Un embrasement total qui mettrait en cause la crédibilité de la CEDEAO.
En définitive, le président de la côte d’ivoire Alassane Ouattara l’a compris par le biais de ses conseillers. Situation qui n’arrange pas le camp du président déchu Mohamed Bazoum. Pas plus que la France qui espérait pouvoir revenir aux affaires au Niger.