Le Burundi traverse une grave crise socio-économique caractérisée notamment par une sévère pénurie de produits pétroliers, essence et gasoil, depuis deux mois. Jusqu’à présent, aucune mesure n’est envisagée par l’Etat burundais pour contrecarrer cette situation malgré que le pays connaît une grave pénurie de carburant qui paralyse les activités
Dans le pays, personne n’est épargné par cette crise. La pénurie du carburant a paralysé les activités dans la capitale économique Bujumbura depuis plus d’une semaine. De longues files de voitures, taxi-voitures, bus, camions sont remarquables devant les stations-service de la capitale tout au long de la journée. Cette pénurie a paralysé beaucoup d’activités, surtout le transport des personnes, des biens et des marchandises. Une autre conséquence est que les coûts des transports et de certains produits de première nécessité ont grimpé considérablement.
Pour décortiquer les risques induits par cette pénurie ou une hausse éventuelle du carburant, le journal Burundi Eco s’est appuyé sur E.M, économiste et enseignant à l’université du Burundi qui a voulu garder son anonymat. Tout d’abord, il explique que la pénurie ou la hausse du prix carburant a un effet immédiat sur le prix des autres produits. L’explication est que le carburant est un produit stratégique utile dans la production ou la transformation et même dans le transport des produits. Ainsi, quand le prix du carburant augmente, cela implique la hausse du coût de production et du prix de transport et, par conséquent, les prix des biens sur le marché augmentent. Ce qui cause l’inflation, cette dernière étant la perte du pouvoir d’achat de la population causée par l’augmentation généralisée et durable des prix.
Le risque est qu’il y a un quasi arrêt de l’activité économique. « Les gens ne produisent pas et cela ralentit voire fait régresser la croissance économique ». Le pays court le risque d’une « stagflation » qui est la situation d’une économie qui souffre simultanément d’une croissance économique faible ou nulle et d’une forte inflation », explique l’économiste.
Malgré que le monde entier souffre à cause de cette hausse du prix du carburant, le Burundi souffre doublement. Ne possédant pas de stocks stratégiques et connaissant un marché monopolisé du carburant, trouver une solution immédiate est difficile pour ce pays. L’autorité politique doit prendre des mesures radicales. Pour cet économiste, la première mesure à prendre est de libéraliser l’importation du carburant. « Il faut accorder la licence d’importer le carburant à d’autres investisseurs et leur permettre de l’importer directement des pays producteurs », fait savoir l’économiste. Il explique que le fait que le Burundi doit acheter le carburant à la Tanzanie constitue un manque à gagner au niveau du prix, mais aussi au niveau de la qualité du carburant.
Il explique que le gouvernement doit mobiliser des devises pour permettre à ce qu’on en importe de façon à constituer des stocks stratégiques. Sur la pénurie de devises, l’économiste n’y va pas par quatre chemins. « Il doit en emprunter auprès des institutions financières internationales ou accélérer le processus de la reprise effective des relations avec les puissances donateurs du Burundi ». Mais encore une fois, il faut que le Burundi soit crédible.
Quant à ce qui est de la volonté du chef de l’Etat de ne plus subventionner le carburant, il dit : « c’est une mauvaise idée ».