
Au Bénin, l’ancien président Thomas Boni Yayi monte au créneau contre un projet de révision constitutionnelle. Le chef d’État qui a dirigé le pays de 2006 à 2016 dénonce une menace directe sur les acquis démocratiques et sur l’équilibre institutionnel. En ligne de mire : la création d’un Sénat, une seconde chambre parlementaire que le chef de l’État émérite qualifie de projet « antidémocratique » et qu’il appelle l’opposition à bloquer. Le récit à suivre.
C’est une proposition de loi déposée en toute discrétion la semaine dernière à l’Assemblée nationale qui met le feu aux poudres. Portée par les groupes parlementaires Union progressiste le Renouveau et Bloc républicain, la révision constitutionnelle vise à instaurer une période de « trêve politique » en créant un Sénat.
Selon ses initiateurs, cette chambre haute aurait pour mission de rapprocher les options politiques divergentes et d’instaurer un débat plus constructif. Le Sénat regrouperait, entre autres, d’anciens chefs d’État, d’anciens présidents d’institutions et des hauts gradés de l’armée, tous membres de droit.
Mais pour l’ancien président Thomas Boni Yayi, cette initiative est loin d’être un gage de consensus. Dans une déclaration publiée sur sa page Facebook ce lundi, il fustige une démarche « ni opportune ni légitime », menée dans un climat d’exclusion qui fragilise la cohésion sociale.
L’ancien chef d’État va plus loin, qualifiant le projet de « dérive institutionnelle » et déclarant. Extrait.
Face à ce qu’il perçoit comme une menace, Thomas Boni Yayi lance un appel solennel aux 22 députés du parti d’opposition « Les Démocrates ». Il les exhorte à utiliser leur minorité de blocage pour rejeter le texte en plénière et forcer un référendum, qu’il qualifie d’« expression suprême de la volonté nationale ».
Cette prise de position intervient dans un climat politique déjà tendu, marqué par la récente exclusion du parti « Les Démocrates » de la course à la présidentielle de 2026. L’alerte de l’ancien président souligne la profonde fracture qui persiste au Bénin autour de l’avenir de son modèle démocratique.
L’enjeu est désormais entre les mains des députés. Le projet a été approuvé pour examen par la Commission des lois et devrait être soumis au vote en plénière dans les prochains jours. Nous continuerons bien sûr de suivre ce dossier.