le son des tirs a laisse place à un silence lourd et dévastateur. Al-Fasher, la capitale du Darfour Nord et un bastion clé, est désormais aux mains des Forces de Soutien Rapide (RSF), après des jours de combats acharnés contre les Forces Armées Soudanaises (SAF). L’image qui s’offre à nous est celle d’une ville en ruines. Partout, les destructions généralisées témoignent de la violence des affrontements. Des véhicules militaires calcinés gisent dans les rues, des bâtiments sont éventrés, et des rues entières portent les stigmates d’incendies récents. C’est le paysage de la défaite pour les Forces Armées soudanaises, qui avaient pourtant revendiqué le contrôle total de la ville le 26 octobre, mais qui ont rapidement cédé face à la reprise de l’offensive par les forces de soutien rapide.
Le Bilan Humain et le Récit Controversé
Alors que les Nations Unies estiment que le conflit, qui a éclaté en avril 2023, a déjà fait plus de 20 000 morts et 33 000 blessés, la situation humanitaire à Al-Fasher est au cœur des préoccupations. On estime qu’environ 12 millions de Soudanais ont été déplacés de force, et 25,6 millions sont confrontés à une grave insécurité alimentaire. Pourtant, au milieu de ce chaos, un récit divergent émerge. Un habitant, dont nous devons protéger l’identité, témoigne d’un changement perçu.
> 🗣️ « La région est désormais libérée des guerres et des catastrophes. Les Forces de soutien rapide nous ont apporté un soutien total. Elles ont distribué de la nourriture à tous, y compris aux enfants, aux femmes, aux personnes âgées et aux malades. Nous vivons dans un bonheur complet. »
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Cette déclaration, qui salue l’arrivée des troupes de Mohamed Hamdan Dagalo comme une libération et un soutien humanitaire, contraste fortement avec les craintes généralisées d’atrocités et de nettoyage ethnique dénoncées par l’ONU et les organisations humanitaires suite à la prise de la ville. Les rapports font état d’une situation humanitaire terrifiante et d’un risque accru d’atrocités après la chute de ce dernier grand bastion de l’armée au Darfour.
Une Crise qui S’Aggrave
La prise d’Al-Fasher est considérée comme un tournant majeur dans le conflit soudanais. Elle accentue la désintégration du pays et soulève de sérieuses interrogations sur l’avenir du Darfour. Les acteurs humanitaires, y compris l’ONU et des ONG comme Médecins Sans Frontières (MSF), lancent des appels urgents, soulignant les besoins critiques des quelque 260 000 civils piégés dans la ville ou ayant fui. Le manque d’accès humanitaire, les attaques ciblant les civils et les infrastructures essentielles, y compris le dernier hôpital partiellement opérationnel, aggravent une crise déjà qualifiée de l’une des pires au monde. La communauté internationale est désormais exhortée à exercer une pression maximale sur les belligérants pour garantir la protection des civils et l’acheminement de l’aide vitale dans cette région dévastée.